INFO-BURKINA

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CENTRE NATIONAL DES OEUVRES UNIVERSITAIRES

                            Les ténèbres gagnent du terrain

C’est su et reconnu par tous. Les activités académiques et pédagogiques ne peuvent bien se dérouler dans nos campus universitaires sans les œuvres sociales. Au Burkina Faso les œuvres sociales universitaires se résument au logement des étudiants, la santé, l’action sociale et le sport. Le service par excellence qui assure ces différentes prestations est le centre national des œuvres universitaires, CENOU. Au lendemain des échauffourées du 17 juin 2008 et des mesures qui ont suivi, le Cenou a connu un ébranlement total. Depuis lors, les agissements et les déclarations de ses nouveaux responsables n’augurent pas de lendemains rassurants. La preuve…

Le 17 juin 2008, une marche pacifique d’étudiants des UFR SEA et SVT est durement réprimée par les forces de l’ordre. Les courses- poursuites, les casses et les arrestations qui ont suivi entraînent la fermeture de l’université de Ouagadougou et du névralgique centre national des œuvres universitaires. Il était alors suspendu toutes les prestations sociales qu’assurait ce service. On se rappelle encore fraîchement le déguerpissement sans autres formes de procès de tous les étudiants résidents des cités universitaires. On se rappelle aussi qu’au soir du 17 juin, il avait été durement reproché au directeur général qui était aux commandes du Cenou d’avoir donné à manger aux étudiants. La conséquence de ce péché mignon fut son éviction du poste de directeur général du centre national des œuvres universitaires, et la nomination d’un professeur d’université pour le remplacer. Le premier objectif affiché par ce nouveau directeur, rester dans l’enveloppe budgétaire à lui allouée par l’Etat. « J’ai décidé cette année de lutter pour rester dans l’enveloppe que nous avons. La conséquence immédiate est de réduire la composition du plat et de fermer certains restaurants qui n’étaient pas d’importance capitale », affirme le professeur Mamoudou Hama Dicko. Une façon pour lui de réfuter les méthodes de gestion de son prédécesseur quand il martèle, « nous dépensions plus que nous ne recevions. Le gouvernement nous donnait trois milliards et nous dépensions cinq milliards pour satisfaire les étudiants en ouvrant des restaurants dans tous les coins de la ville sans que le gouvernement ne nous donne l’aval. » (In l’Eveil Education N°123 du 5 au 19 février 2009). Ce sont les mêmes propos tenus dans l’interview accordée à notre confrère Abdou Zouré du quotidien Le Pays dans le  N°4421 du mardi 04 au mercredi 05 Août 2009. « Nous nous limitons à partir de maintenant, en tout cas tant que c’est moi qui gère le CENOU, aux moyens mis à notre disposition. C’est mon principe de gestion. Si on me donne 1000 francs, je paye des condiments de 1000 francs. Mais je ne vais pas au-delà de l’enveloppe allouée pour dire que je suis philanthrope, que je suis magnanime plus que l’autorité», foi de celui qui a été fait ambassadeur pour la paix universelle le 11 novembre 2008 par la Fédération Mondiale pour la Paix Universelle, FMPU. Cette distinction honore en réalité des personnalités exemplaires qui vivent pour les autres et se dévouent à des activités afin de promouvoir des valeurs morales universelles, une vie de famille solide, la coopération interreligieuse, l’harmonie entre les nations, le renouveau de l’organisation des nations unies, des médias responsables et l’établissement d’une culture de la paix. Et pour tous les étudiants et étudiantes qui ne sont pas satisfaits des prestations du Cenou, le directeur général, homme de paix a une solution toute simple, « maintenant, il y a des universités privées. Donc si la formation ou les œuvres sociales ici ne conviennent pas à quelqu’un, s’il a les moyens, Il va ailleurs. » Joignant l’acte à la parole, les prestations du Cenou ont depuis lors perdu leur forme d’antan.

Parlant de la mesure de diminution de la composition du plat au restaurant universitaire, elle est simplement sans effet. Le plat du RU servi avec les desserts (un sachet de jus de 50f ou une orange, une manque…) revient à 600f cfa et l’étudiant contribue à hauteur de 100f. Depuis le retrait des desserts imposé par le nouveau DG du Cenou, le professeur Mamoudou Dicko, nous n’avons pas encore appris que le prix du plat a diminué. Donc la raison de ce retrait est à rechercher ailleurs mais dans la réduction des charges en vue d’engranger des profits. En tout cas pas pour l’Etat ni même les étudiants.

Autre service du Cenou qui a perdu ses lettres de noblesse, c’est celui de la santé. Là aussi le DG économiste souhaiterait- il faire beaucoup de retenus au détriment de la santé des étudiants ? Pourtant on sait quel grand bien- être ce centre de santé assurait aux étudiants. Chaque matin les couloirs du service de santé étaient bondés d’étudiants venus qui pour se faire consulter, qui pour le décadrage des dents ou pour s’acheter des médicaments à prix réduit à la pharmacie. Aujourd’hui ce centre de santé n’est plus que l’ombre de sa grave maladie qui le ronge de la tête. Un étudiant se blesse ou pique une crise au campus, il faudra attendre l’arrivée des sapeurs pompiers pour le transporter au CMA du secteur 30 pour recevoir les premiers soins. C’est ce qui s’est passé le 14 septembre dernier dans l’un des nouveaux amphis de l’UO lorsqu’un brasseur est tombé sur un étudiant en plein cour le blessant grièvement. Transporté d’urgence au centre de santé du Cenou qui était à quelques 100m du lieu d’accident, les portes étaient hermétiquement fermées. Mais n’en voulez pas au DG du Cenou, il n’est ni philanthrope ni magnanime.

Les étudiants jadis habitués au RU- vacances en ont été privés pendant le mois de vacances même si la plupart des étudiants étaient sur place à Ouaga. La réouverture des différents restaurants avec la reprise des cours au mois de septembre s’est faite avec un retard de deux semaines. Dieu seul sait quel noir les étudiants pendant tout ce temps. Le seul fait d’être Homme devait suffire à comprendre les pires souffrances de ces milliers d’étudiants qui, contre vents et marées et en dépit de la dureté des conditions d’étude travaillent avec ardeur pour réussir leurs études. C’est vrai, être philanthrope ou magnanime, c’est un don.

Le Burkina (son développement) de demain ne sera que le reflet parfait du traitement réservé aux élèves et étudiants d’aujourd’hui.

Koundjoro Gabriel KAMBOU 



06/10/2009
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