INFO-BURKINA

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CONDITIONS DE RESTAURATION DES ETUDIANTS BURKINABE

ILS SOUFFRENT LE MARTYR

Dans un précédent article, nous décriions les difficiles conditions dans lesquelles les étudiants se restauraient. C’était un focus sur le restaurant Bengué. Juste après ce reportage, de nouvelles mesures sont venues compliquer davantage ce qui était déjà intenable. Alors que les restaurants étaient ouverts de 10h à 14h 30 pour le déjeuner et de 18h à 21h 30 pour le dîner, désormais l’étudiant devra déjeuner entre 10h et 13h et dîner entre 17h et 19h 30mn quand on sait que les cours finissent à 13h et 21h. Conséquence, de longs rangs de près de 400m sous un soleil cuisant pour avoir sa pitance quotidienne. "Étudiant burkinabè yaako !" Sur interpellation de plusieurs étudiants à venir vivre leurs réalités dans les restaurants, nous y sommes allés. Le constat force pitié et compassion.

Ce mardi 14 avril nous arrivons sur le site du SIAO (salon international de l’artisanat de Ouagadougou) qui abrite les étudiants de l’université Ouaga II. Il est 11h 45. Pour raison de grève des enseignants, le site est presque vide d’étudiants. Néanmoins nous croisons quelques uns qui en ressortent avec des sachets noirs en mains. Le suivi de leurs traces nous mène vers le côté nord- ouest du site du siao. Là nous voyons certains étudiants, débout, les plats posés sur les bras des stands qui font office de maquis ou de restaurants lors des éditions du siao. Ils mangent. D’autres, sous un hangar d’à peine cent (100) places assises grouillent avec leurs plats de riz gras ou coquillettes. Bienvenue au restaurant universitaire du siao ! Notre premier interlocuteur est étudiant en première année de banque à l’institut des arts et métiers, IBAM. Riverain du site du siao, il y va régulièrement pour manger. Avec lui nous cherchons à comprendre les conditions dans lesquelles lui et ses camarades étudiants se restaurent. Pour lui, les conditions sont déplorables. De longs rangs, une qualité des repas qui laissent souvent à désirer. Il se souvient surtout du jour où il a passé deux heures trente minutes dans le rang avant d’avoir à manger. Après lui, sous le hangar et devant un plat de coquillettes nous trouvons POODA Fabrice, étudiant en deuxième année de droit. « Ici au RU siao les difficultés que nous rencontrons sont relatives au nombre d’étudiants. Facilement tu peux passer une heure de temps dans le rang pour pouvoir manger. En plus le menu c’est chaque fois la même chose qu’on nous sert. Les places assises sont insuffisantes, ce qui fait que les gens sont obligés de manger débout. » Le troisième (3è) témoignage recueilli sur place est celui de DA Nan Nicolas, inscrit en première année de sciences économiques et gestion. Sachet noir en main contenant son repas de midi, sac au dos, il nous raconte avec émotion le calvaire qu’il vit au quotidien pour pouvoir se restaurer. « Le RU siao c’est comme dans les autres RU mais c’est qu’ici avec le nombre élevé d’étudiants en droit et en SEG, le rang est particulièrement long. Quand les premières années de droit et SEG sortent en même temps à 13h, le rang est très long, souvent tu es découragé tu rentres chez toi sans avoir mangé. Si tu prends le rang tu vas rester là-bas et ce n’est pas comme dans les autres coins où le rang avance. Ici tu peux t’arrêter sur place pendant 30mn  minimum sans avoir fait un pas en avant, c’est vraiment très difficile. Souvent le menu est limité c’est riz gras, coquillettes et tô sauce bulvaka. Il ya aussi le problème d’intégration. Tu t’arrêtes les gens viennent intégrer devant toi. Ils disent que nous sommes au pays des hommes intègres et donc on ne peut pas ne pas parler d’intégration. Cela fait que le rang n’avance pas et il faut compter sur le Bon Dieu pour que ton voisin de devant ne prenne pas le dernier plat après un long rang que tu as fait. Comment bien étudier dans ces conditions ?»

                De longs rangs qui s'étendent à perte de vue

Cap sur le restaurant Bengué dans la soirée. 18h. nous parcourons à moto sur près de quatre cents (400m) mètres le rang des étudiants venus dîner. Là nous tombons sur une bagarre entre étudiants et occupants de la cour n°370. Une femme qui s’appellerait Mamou, armée d’un marteau voulait en découdre avec les étudiants. Selon les témoignages, elle serait venue en trombe avec sa moto et aurait failli ramasser des étudiants dans le rang. Les étudiants protestent. Elle rentre dans sa cour et ressort avec un marteau pour taper les étudiants. Ces derniers affirment qu’elle n’en est pas à sa première tentative d’en découdre avec ces étudiants qui s’alignent chaque jour devant sa porte. Malgré nous, nous avons goûté aux insanités de cette "Mamou Marteau" pour l’avoir prise en photo. Nous avons dû notre sécurité et celle de notre appareil photo à la protection des étudiants. Et c’est ainsi chaque jour. Exposés aux rayons ardents d’un soleil sahélien, aux risques d’accidents des usagers de la rue Kamandini Sylvestre Ouali, entre courage et espoir d’un lendemain meilleur, les étudiants se battent pour manger et étudier.

                  Avec ce marteau, Mamou voulait manger de l'étudiant

La photographie de ces deux restaurants universitaires est partout la même à Ouagadougou. A la cité Chinoise, là- bas c’est le gabarit qui mange. Une sorte de loi de la jungle. Ne mangent que ceux qui ont les muscles bien formés.

Au regard de tout cela l’on se demande vers quel genre de développement  nous sommes orientés ? Quel Burkina laisserons- nous à nos enfants ?

Tous, les étudiants interpellent le directeur général du CENOU à avoir égard à leurs conditions de traitement dans les restaurants universitaires. Augmenter le nombre de restaurants, effectuer des contrôles rigoureux des repas servis aux étudiants, revenir aux anciennes heures de restauration, rendre disponibles les contre- marques, voilà en substance ce que demandent les étudiants au premier responsable des affaires sociales dans nos campus.

* À toutes ces doléances, le DG du CENOU répond dans une interview exclusive. 

Koundjoro Gabriel KAMBOU

 

 

 

 

 

 

 



21/04/2009
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