INFO-BURKINA

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Déferlante de violences au Burkina

 

Parce que les méthodes de nos dirigeants n’ont pas changé

 

Voilà maintenant un mois pratiquement que notre pays traverse une zone de turbulences consécutives à ce qu’il est convenu désormais d’appeler l’affaire Justin Zongo. Koudougou, Réo, Poa, Léo, Ouahigouya, Dori, etc. ont connu des manifestations de protestation qui ont entrainé l’incendie des commissariats de police, des bâtiments publics, des sièges du parti au pouvoir avec malheureusement des pertes en vies humaines. Mais comment en est- on arrivés là ?


Flash-back : le 15 octobre 1987 aux environs de 16h, des coups de feu sont entendus au Conseil de l’Entente. Branle-bas général dans la capitale burkinabè. Au sortir de ces combats nourris, la mauvaise nouvelle est tombée comme un couperet : le Capitaine Président Thomas Sankara est assassiné et précipitamment enterré avec plusieurs de ses collaborateurs au cimetière de Dagnoin. Ils sont tombés sous les balles assassines des responsables du Front populaire. Le monde entier, l’Afrique surtout a pleuré cet assassinat. Quelques années plus tard, sur l’acte de décès de Thomas Sankara, il est inscrit « mort de mort naturelle ». Il n’y a qu’au Burkina où on meurt de façon naturelle criblé de balles.

 

Le 13 décembre 1998, le journaliste Norbert Zongo est brûlé vif avec trois de ses compagnons à cause de ses écrits sur l’ "affaire David Ouédraogo", chauffeur de François Compaoré. Sous la pression de la rue, on affiche sa volonté de rendre justice en mettant en place une commission d’enquête indépendante. Ce dossier est aujourd’hui classé sans suite. Le jeune Flavien Nébié, les tueries de Balpouré et de Pièla n’ont goûté à la lumière de la justice.

 

Le 30 juin 2010 à Dagnora à 16 kilomètres de Gaoua, alors qu’ils se rendaient à un site d’or de Batié, Arnaud Somé et Yassia Nacanabo ont été interpellés par une équipe de patrouille de la police. Transférés au commissariat central de Gaoua, ils seront dépouillés de leurs vêtements, argent, bijoux et portables et seront torturés alors qu’ils n’avaient aucune drogue en leur possession. Suite aux supplications de son compagnon, Arnaud sera transféré au Centre hospitalier régional de Gaoua d’où il succombera à ses blessures, enchaîné à son lit. Mais sur radio Gaoua, les autorités ont expliqué qu’Arnaud Somé s’est fracturé la tête en tombant dans un ravin, et qu’il a été arrêté en possession de plus d’un kilogramme de drogue. Cette version tronquée des faits provoque la colère des populations qui manifestent pour réclamer le rétablissement de la vérité. Une répression féroce s’abat sur elles. Bilan, deux autres jeunes abattus par balles.

 

Le 19 février 2011, Justin L. Zongo, élève en classe de 3è dans un lycée privé de Koudougou décède. Avant son décès, Justin Zongo était allé par deux fois signifier au procureur qu’il a subi des sévices corporels au commissariat de police lors de son interpellation. Sur son certificat médical, il est effectivement mentionné que Justin Zongo a été reçu au centre de santé pour coups et blessures. Mais voici la version des autorités lue aussi bien à la radio qu’à la télévision d’Etat : « …contrairement aux rumeurs, l’élève Justin Zongo est mort de méningite… ». La protestation de la population de Koudougou est durement réprimée, faisant des morts et plusieurs blessés.

Etudiants déguerpis des cités universitaires

 

La logique du flash-back, depuis toujours les autorités de la 4è République ont à chaque fois travesti la vérité sur les assassinats. Elles ont toujours utilisé le drap du mensonge pour couvrir la vérité. Si elles s’en sont sorties indemnes par le passé, elles ont royalement oublié que le peuple burkinabè a évolué et n’est plus prête à avaler ces couleuvres. Plus jamais ça.

L’affaire Justin Zongo est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les méthodes de nos autorités n’ont pas évolué avec le temps. Là se trouve l’explication de cette grande colère du peuple burkinabè. Basta ! Il faut que ça change. L’on peut regretter les actes de vandalisme, l’incendie et la destruction de biens publics et privés, mais l’on ne peut nier à ce peuple son droit, et surtout son devoir de durcir le ton pour que le mensonge ne devienne pas une valeur cardinale de gouvernance. Comment se taire et attendre silencieusement la justice de celui qui t’a toujours démontré qu’il ne le fera jamais pour toi ?

 

Fermeture des universités, une fuite en avant

 

En décidant de la fermeture des universités publiques du Burkina, le Gouvernement démontre sa fébrilité, son refus d’affronter le problème et de le résoudre. Comme en 2008, on ferme, on déguerpit les étudiants des cités, on les affame en les privant de la nourriture des restaurants universitaires. Mais une méthode appliquée en 2008 peut- elle être encore appliquée textuellement en 2011 et produire les mêmes effets escomptés ? A- t- on suffisamment muri la réflexion avant de décider ? Les jours à venir portent en eux les réponses à mes questions. Déjà par ma fenêtre je sens souffler un vent nouveau : il est doux et frais. Normale, la journée fut rude et chaude.

 

Koundjoro Gabriel Kambou

 

 



18/03/2011
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