INFO-BURKINA

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DIXIEME ANNIVERSAIRE DE L’ASSASSINAT DE NORBERT ZONGO


Le peuple burkinabè toujours déterminé pour la justice

13 décembre 1998 – 13 décembre 2008. Cela fait aujourd'hui une décennie que notre confrère Norbert Zongo, alors directeur de publication de l'hebdomadaire l' "Indépendant" mourrait sous les balles assassines et les feux de ses bourreaux. Au lendemain de cette date fatidique, comme un seul homme, le peuple burkinabè se leva pour réclamer la lumière sur cet ignoble assassinat et mettre un terme à ces barbaries. C'était le printemps du "Si tu fais on te fait et puis il n'y a rien. " Crime politique aux ramifications complexes, l'enquête sur cette affaire conduit à l'inculpation de six suspects sérieux, tous membres de la garde présidentielle. En juillet 2006 le juge en charge du dossier prononce un non- lieu en faveur du principal suspect, l'adjudant Marcel Kafando. Dossier classé ? A ce dixième anniversaire funeste, le peuple burkinabè a parlé. Une mobilisation sans précédent. Dix ans après. Sous un soleil de plomb. Même détermination, même vigueur, même message, même objectif. Vérité et justice pour Norbert ZONGO et ses compagnons d'infortune.

Il est environ 9h du matin quand nous arrivons à l'ancienne place de la révolution. La place se remplissait déjà de monde. A l'arrivée des leaders de la marche la file s'ébranle. Des pancartes à l'effigie de Norbert Zongo, des tee- shirts des messages réclamant justice et/ ou la réouverture du dossier Norbert Zongo. Elèves, étudiants, politiques, commerçants, femmes, fonctionnaires, toutes les sensibilités formaient en ce jour un seul corps pour la même cause. Au cours de la marche, un acte symbolique sera posé : l'avenue de la nation est rebaptisée, Avenue Norbert Zongo. Pour Jean-François Julliard, nouveau secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), il est important que l'une des grandes avenues de Ouagadougou soit rebaptisée du nom de Norbert Zongo, l'un de ces meilleurs journalistes, l'une de ces plumes les plus critiques, les plus virulentes qui a disparu il ya dix ans. C'est un symbole fort pour rendre hommage à Norbert Zongo. M. Julliard a salué la forte mobilisation pour le dixième anniversaire du drame de Sapouy.

                                                                 

L'Avenue Norbert ZONGO

Après ce baptême de rue, les marcheurs  passeront par les avenues du Temple, Houari Boumédienne, et Bassawarga. Tout au long de la marche, l'animation ne sera pas de tout repos. Les marcheurs scandent des slogans, des chants tels « le renard passe, chacun à son tour chez le tueur Compaoré, vérité et justice pour Norbert Zongo ». La sécurité des leaders du collectif est assurée par une haie humaine. D'autres éléments de la sécurité contrôlent la file afin d'éviter les infiltrations. Rien n'est laissé au hasard. Aux environs de 10h le cortège prend la direction de la place de la nation en passant par la BCEAO. De loin la vue présente une place de la nation presque pleine. La mobilisation est de taille. On se croirait aux premières heures de la crise consécutive à l'assassinat  de Norbert et de ses compagnons d'infortune. Combien de personnes sont sorties pour la commémoration de ce 10è anniversaire funeste ? Difficile d'évaluer. À la place de la nation, il est prévu un concert des artistes unis pour Norbert Zongo qui ont sorti un album  « Norbert Zongo dossier classé ? » Un concentré d'artistes engagés et aux talents confirmés, adulés au delà des frontières du continent africain. L'animation est brillamment assurée par le conseiller spirituel de Tiken Jah Facoly. Mohamed Bathily, alias Ras Bath, juriste de formation, à la culture rastafarienne très poussée, un DJ aux talents hors pair. Avant le concert, trois sont prononcés. Le président du collectif Chrisogome Zougmoré a fait le bilan des dix années de lutte du collectif. Reporters sans frontières et le représentant de l'association Survie de France ont livré leurs messages de soutien pour la cause. C'est la chorale du collectif qui donne le ton du concert avec des chants pleins d'émotions et de messages à décrypter. « Nous cherchons la lumière depuis un certain temps, mais on nous sert la nuit comme si nous étions con. Mais qu'il pleuve ou qu'il neige, ce que nous ne savions pas, nous le saurons un jour. » ou encore « je cherche quelque chose que je vois… » La foule explose. Mains en l'air, balançant dans tous les sens et exprimant le message de l'amour, de la solidarité, bref le message d'une famille unie, mobilisée et déterminée pour l'atteinte de l'objectif.

Ils étaient des dizaines de milliers de Burkinabè à arpenter les rues de Ouaga pour réclamer vérité et justice pour Norbert Zongo, dix ans après

Après la chorale, Slam, le crieur public Sana Bob, Faso Kombat, puis Smockey. Il est midi 30, le soleil est bien fixé au zénith et fait sentir la vigueur de ses rayons ; mais le DJ lance : « Ce soleil est plein d'amour et de justice. Il ne brûle pas, il caresse. » Le public approuve par des applaudissements bien nourris qui accueillent le Jah Sam's K sur le podium. « Que la paix et l'amour de Dieu repose sur vous. J'ai jeûné aujourd'hui pour Norbert Zongo, mais aussi pour ses assassins, car ils n'ont pas reçu la visite de Dieu. », lance Sam's K. il entonne avec le public, l'hymne national du Burkina Faso. Son titre Rasta au pays des merveilles, le public est en extase. La tribune officielle également. Chacun y va de sa danse de combat. Il est 13h 10 quand on annonce l'apothéose du concert. Tous les artistes unis pour Norbert Zongo sont sur le podium en dehors de Tiken, Awadi, Ismaël Isaac, Miss Safia, Nafrémy et Zêdess qui n'ont pas pu faire le déplacement.

LES ARTISTES UNIS POUR NORBERT ZONGO ONT TENU LE

NOMBREUX PUBLIC EN HALEINE TOUT AU LONG DU CONCERT

Ensemble avec les leaders du Collectif, ils ont dit merci au « Pays réel » sorti massivement dix ans après l'oblation de Norbert Zongo pour un Burkina de libertés et de droits. Dix ans après, le peuple burkinabè est loin d'oublier son héros. Il repose désormais et pour l'éternité, dans leur cœur qui est selon le DJ du concert, le meilleur tombeau de l'homme.

Aux dernières nouvelles, le lundi 15 décembre au matin, certains responsables du collectif en l'occurrence Me Bénéwendé Sankara, Chryzogone Zougmoré, Tolé Sagnon, Jean Claude Méda ont été convoqués à la gendarmerie pour être interrogés pour le fait qu'ils ont rebaptisé l'avenue de la nation en l'avenue Norbert Zongo.

                                                                      

LA PRESSE NATIONALE ET INTERNATIONALE ÉTAIT A TOUS LES COINS POUR IMMORTALISER CET ÉVÉNEMENT




                                                                        Koundjoro Gabriel KAMBOU



16/12/2008
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