INFO-BURKINA

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Education et enseignement supérieur au Burkina Faso

La priorité de nos politiques n’est pas dans ces secteurs

Depuis le 8 avril 2009 les enseignants des universités et écoles supérieures du Burkina observent un mot d’ordre de grève indéterminée. Raison fondamentale, augmentation de salaire. L’enseignant burkinabè est le moins bien payé de la sous- région. L’on est unanime à reconnaître que ces gars méritent mieux. Mais le problème c’est que la priorité de nos gouvernants n’est pas dans l’enseignement supérieur. Ni le manque de richesse du Burkina, ni la crise économique actuelle n’expliquent le refus du gouvernement de revoir la note salariale des enseignants à la hausse et de traiter diligemment et de façon durable les problèmes qui minent l’enseignement supérieur burkinabè.

L’institution universitaire burkinabè est dans l’impasse. Depuis le 17 juin 2008 l’université de Ouagadougou peine à se relever de son malaise. Le malaise de l’université n’est en réalité que le reflet d’un profond malaise de la société burkinabè tout entière. Après analyse du traitement réservé aux étudiants et à leurs enseignants, l’on peut affirmer sans risque de se tromper que l’enseignement supérieur n’est pas encore une priorité pour le gouvernement burkinabè. Les universités et leurs occupants sont laissés à eux- mêmes. C’est la lutte pour la survie. C’est donc logique que les crises incessantes investissent nos campus. Le manque de volonté de résoudre définitivement ces crises est perceptible. Quand il s’agit de questions de l’université l’on fait ressortir la phrase sacrée «  Le Burkina Faso est un pays pauvre et sans ressources, il ne faut donc pas demander l’impossible à l’Etat. »

Pourtant, notre pays est champion dans l’organisation de grandes rencontres internationales où des milliards de francs y sont dépensés. C’est le président du Faso lui- même qui l’affirme dans une lettre le 9 mai 2007 à  Alain Michel, président de la fondation Hommes de parole : « le Burkina Faso, carrefour des rencontres et des Sommets internationaux de haut niveau, qui dispose d’infrastructures modernes et d’une expertise reconnue, sera honoré d’accueillir et de promouvoir ce projet… ». Ce projet n’est autre que l’organisation du premier sommet mondial des étoiles pour la terre. Ce sommet prévu pour se tenir du 28 au 30 novembre 2009 va regrouper 25 stars mondiales venant des quatre coins de la planète. Là encore le budget de ce sommet se chiffre en termes de milliards, des milliards qui suffiraient à booster le développement de nos universités. Depuis la reprise de la grève indéterminée le 08 avril par le SYNADEC, l’on s’attend à chaque conseil de ministres que le gouvernement prenne des mesures à même de sortir de la crise. Mais jamais. En tout cas jusqu’au conseil des ministres du 29 avril 2009. La crise universitaire n’est pas une priorité.

Cette façon de faire donne raison à ceux qui pensent que les problèmes du pays ne sont pas une priorité pour le président Blaise Compaoré, occupé qu’il est à soigner son image à l’échelle internationale. C’est l’image de cette jeune fille si belle dehors, aux parures imposantes mais dont l’intérieur de sa chambre dégage les odeurs de pourriture. Mais la maxime biblique ne dit- elle pas, « ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'œil de ton frère. » Nous voulons la paix pour les autres mais nous ne saurons monnayer la nôtre.

L’on est unanime à reconnaître qu’aucun développement durable et viable n’est possible sans l’enseignement supérieur. L’éducation et l'enseignement supérieur revêtent une importance primordiale pour tout gouvernement soucieux d’un avenir radieux pour son peuple. C’est à juste titre que l’UNESCO incombe à l’enseignement supérieur, la tâche essentielle de contribuer à définir la manière dont les générations futures apprennent à faire face aux complexités du développement durable. Pour cette organisation, « les universités et autres établissements d’enseignement supérieur ont la mission d’éduquer des diplômés hautement qualifiés et des citoyens responsables capables de s’intégrer dans tous les secteurs de l’activité humaine ; d’offrir un espace ouvert pour la formation supérieur et l’apprentissage tout au long de la vie ; de promouvoir, de créer et de diffuser les connaissances par la recherche et de fournir, dans le cadre de leur mission de service à la communauté, l’expertise appropriée pour aider les sociétés à assurer le développement culturel, social et économique ; d’aider à comprendre, interpréter, préserver, renforcer, promouvoir et diffuser les cultures nationales et régionales, internationales et historiques dans un contexte de pluralisme culturel et de diversité culturelle ; d’aider à préserver et à promouvoir les valeurs sociétales en assurant la formation des jeunes aux valeurs qui sont à la base d’une citoyenneté démocratique ; enfin, de contribuer au développement et à l’amélioration de l’éducation à tous les niveaux, notamment par la formation des enseignants. » Des pays comme l’Inde, la Corée du Sud, la Tunisie et le Maroc sont des exemples palpables. Il y a environ 40 ans, ces pays, pour accélérer leur processus de développement, ont misé sur l’enseignement supérieur en lui consacrant des investissements massifs. Conséquence de cette politique volontariste, depuis 2008 la Tunisie occupe la première place des pays émergents en Afrique et est devenue, grâce à une abondante main d’œuvre qualifiée et bien formée, très compétitive sur le plan mondial. Il en va de même pour l’Inde et la Corée du Sud dont les résultats économiques ces dernières années sont sans précédent. Comme l’a relevé le Pr Oumar Sock, « il y a quelques décennies, les ressources naturelles et le capital ont joué un rôle déterminant dans le développement des pays. Aujourd’hui, ce sont la matière grise, la capacité d’innovation et la volonté d’entreprendre qui constituent les principaux leviers de la croissance économique et du développement durable ».

Le développement du Burkina sera toujours relégué aux calendes grecques tant que nos autorités ne prendront pas des décisions volontaristes visant à accorder à l’éducation et à l’enseignement supérieur la place qui leur revient. En Côte d’Ivoire et au Sénégal quand Gbagbo et Wade sont arrivés au pouvoir, eux qui sont des universitaires et qui reconnaissent l’importance de l’enseignement supérieur pour le développement de leurs pays, ils ont pris des décisions qui revalorisent le secteur de l’enseignement. Peut- être y arriverons- nous un jour. Nous invoquons le lever de ce soleil.

 

 

 

Koundjoro Gabriel KAMBOU

 

 



09/05/2009
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