INFO-BURKINA

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E.P.E :LE REBELLE DE DIEU FRISSONNE DANS LE FAUTEUIL DU C.N.E

Il tient les rennes du "pouvoir de la presse" au sein de l'Eglise protestante évangélique (EPE). Depuis avril 2007, il y a adjoint celui de l'exécutif. Deux couronnes donc pour une tête. A travers cette interview qui suit, il aborde sans détours les dossiers brûlants du moment et fait déchanter tous ceux qui attendraient sa possible démission de la direction de la radio. Lui, c'est le Pasteur Daniel Narcisse KAMBOU, directeur de la radio évangile du sud - ouest et président du comité national exécutif de l'Eglise protestante évangélique. Il est marié et père de deux petites belles filles. 

 

Koundjoro Gabriel KAMBOU (K.G.K) :Qu'est-ce qui a motivé votre candidature à la présidence du Comité National Exécutif ?

 

Daniel Narcisse KAMBOU(D.N.K) : Bon en fait d'abord je me suis dit que je pouvais apporter ma part de contribution pour l'édification de l'Eglise et ensuite disons que j'ai eu quand même pas mal de responsables et chrétiens qui m'ont demandé de me présenter et d'apporter ma part de contribution pour l'édification de cette Eglise .C'est pour cette raison je me suis dit que compte tenu de ce que je connais, de ce que je fais , je pourrais apporter ma maigre contribution pour l'édification de l'Eglise .C'est ça qui m'a motivé.

 

K.G.K : Comment jugez-vous le déroulement des élections ?

 

D.N.K : Bon je dirai que le déroulement de ces élections, (…hésitation) disons qu'en fait ça s'est plus ou moins bien déroulé dans ce sens que bon héé il y a eu la parole de Dieu qui a été apportée et puis bon finalement, l'assemblée a décidé en fait de mettre de côté le règlement intérieur qui ne me permettait pas de me présenter afin que je puisse me présenter, donc je dirai que de ce côté là ça s'est bien passé.

 

K.G.K : Ça s'est bien passé pour vous mais est-ce que la transparence a été au rendez-vous ?

 

D.N.K : Bon la transparence, compte tenu que les gens ont écrit les noms ils ont déposé dans un panier, c'était devant tout le monde, les gens ont compté et on a inscrit ça directement sur le tableau au vu et au su de tout le monde je dirai que la transparence a prévalu.

 

K.G.K : quel regard portez-vous sur l'équipe que vous dirigez ?

 

D.N.K : Disons que je ne connais pas bien les hommes qui sont avec moi. Je les connais comme ça mais il faut les mettre au travail pour savoir exactement ce que chacun vaut. Parce que voir un homme à vue d'œil comme ça, savoir qu'il est éduqué de telle, telle façon ne suffit pas pour savoir si on a une bonne équipe ou pas .Mais à vue d'œil je crois que j'ai des hommes à mon avis qui peuvent aider dans l'édification de l'Eglise de Jésus-Christ.

 

K.G.K: À penser à la mission qui vous attend est-ce que vous avez souvent des frissons ?

 

D.NK : Franchement j'ai des frissons ,j'ai des frissons pour la simple raison qu'on dit l'argent c'est le nerf de la guerre .J'ai hérité d'une situation assez difficile, il n'y a pas d'argent dans la caisse et aussi disons qu'il y a des crédits,  l'argent a été pris par ci par là dans des volets qui ne devraient pas être utilisés, mais cet argent a été utilisé, donc j'ai des frissons et j'hérite d'une situation où les dossiers chauds n'ont pas été traités. Des dossiers chauds qui ont traîné pendant près de 4 à 5 ans et il va falloir que je traite ces dossiers avec délicatesse pour éviter de casser l'Eglise. D'autre part disons que la tâche est grande pour moi quand je vois la grandeur de l'Eglise et surtout les membres qui composent cette Eglise sont pratiquement à 90% faits d'hommes qui ne sont pas allés à l'école, et vous savez pour diriger une population comme ça c'est pas facile. Donc de ce point de vue là j'ai des frissons et compte tenu que la tâche que j'ai à faire n'est pas limitée seulement au spirituel, je vois que dans le domaine du développement tout est quasi à plat, il faut revoir ça. L'administration de l'Eglise est assez défectueuse, il faut revoir tout ce système.

 

K.G.K : Si ce n'est un secret de l'armée, quels sont ces dossiers chauds qui sont entre vos mains ?

 

D.N.K : Bon vous savez qu'il y a par exemple le dossier du D.A.S (Département d'Action Sociale), disons que c'est un problème qui a traîné depuis 2002 ou les gens ne travaillent plus là-bas parce que tout simplement il leur manque du financement, le personnel qui est là-bas a des difficultés pour vraiment accomplir sa tâche journalière, alors il était question de passer à une sorte de réforme, sinon à une refondation même de tout le département mais malheureusement ça n'a pas été fait, donc depuis un certain temps les travailleurs sont là ils touchent leurs salaires mais y a pas de travail qui est effectué sur le terrain. Et on ne se lève pas du jour au lendemain comme ça pour chasser les gens pour dire il faut partir, vous aurez affaire à la loi. Le deuxième dossier chaud, y a quelqu'un qui nous a spolié de l'argent, près de trois millions de francs cfa, et il faut amener ce dernier  à payer ces sous. L'administration sortante n'a pas pris le soin de faire en sorte que cet argent puisse être encaissé ou en tout cas aucune précaution n'a été prise pour qu'on puisse vraiment entrer dans nos fonds et ça il faut encore s'attaquer à ce dossier.  Troisièment il y a le problème d'affectation des pasteurs parce qu'il faut placer près de 80 personnes dans différentes Eglises et souvent ça provoque des mécontentements .Les autres dossiers que j'appelle  dossiers chauds vous savez qu'on travaille depuis longtemps sans stratégie réelle dans l'Eglise, il faudrait que l'on s'attèle à la rédaction de cette stratégie, ce n'est pas facile parce que comme je le dis sans argent, sans ressources humaines aussi pour nous aider à rédiger cette stratégie c'est pas facile.

 

K.G.K : Comment jugez-vous le bilan de l'équipe à laquelle vous succédez ?

 

 D.N.K : Bon vous savez quand il s'agit de juger les choses spirituelles je me méfie. Je dirai que je ne peux pas les blâmer, ils ont fait leur travail selon la mesure de leur capacité, et moi je viens d'arriver, je ne peux pas prétendre faire mieux qu'eux. Ils ont fait ce qu'ils pouvaient faire donc je pense que tout de même ils ont fait des choses positives mais il reste pas mal de choses à faire. Cependant je dois les féliciter pour le travail qui est déjà fait.

 

K.G.K : Est-ce la rupture ou la continuité avec cette équipe ?

 

D.N.K : Bon (sourire), rupture ce serait trop dire. Mais continuité aussi c'est trop dire, parce que moi j'estime que chacun a le droit d'avoir d'autres opinions, d'autres visions. Eux ils ont eu leur vision avec laquelle ils ont travaillé , moi aussi j'ai  ma vision et je crois que l'équipe qui m'accompagne partagera certainement ma vision parce que quand nous avons été élus nous avons eu une séance de prière et j'ai eu le temps de leur dire un peu ce que moi je pensais de la situation donc je crois que nous allons peut- être dans certains cas construire sur ce que l'équipe sortante a eu à faire, dans d'autres cas nous serons obligés de construire ailleurs, ou de faire des choses nouvelles, donc peut-être c'est ça qui va constituer la rupture, donc il y a à la fois les deux.

 

LE PRESIDENT DU C.N.E LORS DE L'INTERVIEW

 

K.G.K : Quelles seront alors vos priorités ?

 

D.N.K : Bon moi je mets beaucoup de priorité sur l'évangélisation, parce que j'estime qu'il nous faut faire l'évangélisation mais pas n'importe quelle évangélisation. Je crois personnellement que nous devons prêcher un évangile intégral. Un évangile intégral qui donne la vie aux uns et aux autres, à savoir servir l'homme physiquement et dans son esprit. Cette évangélisation doit toucher non seulement le peuple lobi, birifor, dagara, et autres qui sont ici au sud-ouest, mais toucher aussi les peuples non atteints. Nous sommes entrain de voir si on a la possibilité en tout cas de toucher les groupes non atteints dans la région et l'action sociale va se diriger un peu vers l'éducation, la santé, etc.

 

K.G.K : Envisagez-vous la réfection d'anciennes églises ou la construction de nouvelles ?

 

D.N.K : Bon, disons que qui dit évangélisation dit aussi construction d'églises, donc l'implantation des églises ira de pair avec les actions d'évangélisation. Donc pour ce qui concerne la construction d'églises, peut-être il serait intéressant de voir la vision globale que nous avons vis-à-vis de l'Eglise, et si on parle de la vision globale ce serait établir peut-être autour de 300 nouvelles églises d'ici à 2015 et gagner 1000 nouveaux convertis, comme je l'ai dit tout à l'heure progresser vers 10 groupes non atteints et puis prévoir aussi l'envoi des missionnaires parmi ces groupes. Concernant justement la question des actions sociales, il faut prévoir des infrastructures scolaires, et prévoir aussi des infrastructures sanitaires.

 

K.G.K : Vous avez connu Christ depuis votre tendre enfance, donc nanti d'une grande expérience dans la marche chrétienne, alors dites nous est-ce que la foi des chrétiens d'aujourd'hui vous inquiète ?

 

D.N.K : Oui, oui la foi des chrétiens d'aujourd'hui m'inquiète en ce sens que moi je vois que les gens ne veulent plus vivre cette foi d'antan. En ce sens que moi je conçois le christianisme non pas tout simplement comme une religion, mais quelque chose qui doit être vécu tous les jours. La foi doit s'exprimer tous les jours par nos actions et par notre comportement, etc. Mais quand on voit les chrétiens d'aujourd'hui beaucoup, je dirai sont des chrétiens de dimanche. C'est le dimanche que tu sais exactement qui est chrétien, mais une fois que dimanche est passé on voit des gens vivre comme s'ils n'ont jamais connu le Christ, donc la foi des chrétiens m'inquiète. Et où il faut mesurer la maturité des chrétiens c'est par leurs actions dans les domaines de l'évangélisation et de la prière. Organiser une réunion de prière et vous verrez le nombre de chrétiens qui viennent, vous allez comprendre que leur foi a vacillé. Organisez des sorties d'évangélisation vous verrez aussi qu'il y a très peu qui vous accompagnent et organisez des réunions aussi pour demander aux chrétiens de venir pour les études bibliques, ils sont peu à venir. Et ça je crois que ce sont des indicateurs qui montrent quand même que la foi des chrétiens n'est plus solide comme avant et là c'est inquiétant.

 

K.G.K : Et que comptez-vous faire pour relever le niveau de la foi des chrétiens.

 

D.N.K : Moi c'est pour ça j'ai dit tout à l'heure nous allons mettre beaucoup l'accent sur la prière et déjà nous avons eu ce que j'ai appelé la journée nationale de prière et nous comptons intensifier ces journées de jeûne et prière dans l'Eglise nationale et pendant ce temps nous sommes entrain de chercher à travailler au niveau des pasteurs d'abord parce que nous estimons que le réveil de l'Eglise va passer par les pasteurs. Dans ce sens nous avons parlé de la création d'une pastorale c'est-à-dire une rencontre des pasteurs où on pourra débattre de certains sujets, travailler en sorte que les pasteurs qui sont peut-être un peu fatigués puissent avoir de la force pour impartir cette force et ce dynamisme au sein des chrétiens. Si cela est fait, les pasteurs sont à la hauteur, ils donnent un bon enseignement aux chrétiens, je crois qu'avec la prière, la foi des chrétiens va se réveiller. Mais disons que ça c'est notre part, ce qu'on peut faire mais il faut s'attendre à ce que Dieu aussi fasse sa part.

 

K.G.K : Vos Eglises connaissent beaucoup d'instabilité, qu'est-ce qui sera fait pour les stabiliser ?

 

D.N.K : Comme je l'ai dit tout à l'heure, si l'enseignement est bien donné au sein des églises, si les pasteurs eux-mêmes prêchent l'évangile intégral, l'évangile qui permet aux chrétiens d'avoir leur stabilité spirituelle et physique, je crois qu'ils vont rester dans nos Eglises. Parce que ce qui se passe c'est quoi ? Si dans ton Eglise tu ne donnes pas un bon enseignement aux gens, les gens ont des préoccupations tu t'en occupes pas, je crois les gens seront obligés de partir. Et ça je dis une fois que si nos pasteurs sont bien formés ils vont donner l'enseignement réel aux chrétiens et une fois que les chrétiens seront bien nourris ils vont rester dans l'Eglise c'est évident. Bon et puis il faut dire que toutes ces églises qui sont venues et on a connu des problèmes dans nos églises où certains ont rejoint ces églises, cela ne m'inquiète pas. Pour la simple raison que ces chrétiens qui quittent c'est des chrétiens généralement qu'on a disciplinés dans nos Eglises et qui fuient là-bas. Je suis entrain de chercher ce que j'appelle l'unité du corps de Christ. Je compte convoquer tous les pasteurs qui sont des autres dénominations ici pour une conférence, nous allons en débattre et nous allons avoir une action commune, parce qu'il faut savoir si on est là pour permettre aux gens de se convertir et d'avoir la vie éternelle ou bien c'est de les flatter pour qu'ils aillent en enfer. Parce qu'en fait un chrétien qui a péché et on l'a discipliné dans une Eglise, il va là-bas devenir un dirigeant ça pose un problème. Cela veut dire qu'il ne va jamais se confesser, il ne va jamais se remettre en ordre. Donc là ça pose quand même un problème sérieux et je compte par la suite convoquer les pasteurs des autres dénominations y compris les nôtres, nous allons visionner un film ensemble, un film qui parle de la transformation même des vies, nous allons visionner ce film, nous allons débattre de certains sujets et nous allons commencer une action ensemble. Si ce sont des gens sincères je crois qu'ils vont se mettre à la tâche parce que dès qu'ils vont voir un chrétien qui vient chez eux ils vont chercher à savoir qu'est-ce qui l'a amené là-bas. Cela veut dire qu'il va subir la discipline là-bas et ça ne permettra pas aux uns et aux autres de faire ce qu'ils veulent quoi ! Mais il faut dire que travailler avec des gens qui ne sont pas de la même dénomination que vous c'est pas facile, parce que l'unité du corps de Christ aujourd'hui est devenue un problème. Mais nous allons tenter de faire ce qu'on peut faire.

 

K.G.K: À dire que les pasteurs ont failli à leur mission première ?

 

D.N.K : Oui certains. Certains pasteurs ont failli à leur mission première en ce sens que je ne comprends pas pourquoi je vais avoir une Eglise et puis on va venir me retirer des chrétiens. Pour moi c'est inconcevable. Si on me retire ces chrétiens ça veut dire je ne les nourris pas assez sérieusement, ça veut dire que leur foi n'est pas fondée sur la personne de Jésus-Christ mais peut-être sur autre chose. Donc je pense qu'il y a eu faillite quelque part, c'est ce qui a fait que certains chrétiens sont partis, à mon avis.

 

K.G.K : Quelle est votre devise dans la foi ?

 

D.N.K : Moi ma devise c'est compter sur le Seigneur et compter toujours sur Lui. Compter sur Lui aujourd'hui, compter sur Lui demain, compter sur Lui pour l'éternité, parce que mon action je me dis sans Dieu je ne peux rien faire. C'est en Dieu que se trouve ma force. C'est ça ma devise.

 

K.G.K : Que pensez- vous de Martin Luther KING qui traitait de moribonde tout religion qui s'affirme uniquement concernée par les âmes des hommes ?

 

 D.N.K : Hé ! Comme moi je l'ai pas écouté, je ne sais pas dans quel contexte il a donné sa citation, peut-être à mon avis il a dû avoir une réaction violente contre ceux-là qui estiment qu'il faut simplement prêcher l'évangile, prier pour les gens, etc., etc. mais on oublie l'aspect physique de l'homme. C'est pour ça j'ai dit tout à l'heure, nous voulons nous atteler à l'accomplissement de la mission intégrale. La mission intégrale concerne et le physique et le spirituel de l'homme. C'est une réaction contre ceux-la qui se sont attelés à dire aux gens ah le paradis c'est pour demain etc. vous irez au paradis pendant ce temps les gens sont entrain de mourir de faim et de soif. Peut-être c'est dans un tel contexte et si c'est dans ce contexte, il a raison. Mais d'autre part il faudrait aussi beaucoup faire attention, parce que qu'est-ce qui a amené les gens à chercher seulement cet aspect spirituel dans l'approche de l'évangélisation ? C'est aussi une réaction contre le matérialisme d'antan parce qu'on a fait ce qu'on appelle les chrétiens de riz dans le temps. Avec les protestants on fait des chrétiens de riz, les gens sont venus à l'Eglise uniquement parce qu'ils voulaient avoir quelque chose pour leur corps physique. Alors il y a eu des gens qui ont dit non, il faut réagir contre cet état de fait et alors ils ont prêché un évangile centré seulement sur l'âme et puis ils ont oublié aussi l'aspect physique. Je dis l'évangile tel que le Christ nous a communiqué concerne l'homme entier ici bas, dans son corps physique, dans son esprit, dans son âme, l'homme dans sa globalité. Comme les anglais le disent, le salut concerne the now and the then, c'est- à - dire maintenant et le futur.

 

L'EGLISE PROTESTANTE EVANGELIQUE DE GAOUA

 

K.G.K : Entre le social et le spirituel lequel pèsera plus dans votre balance ?

 

D.N.K : Moi je dirai rien ne doit peser plus, parce qu'en ce moment ça veut dire q'on ne prêche plus l'évangile intégral. Peut-être que le spirituel va peser en ce sens que pour accomplir le travail social il faut l'argent et comme je l'ai dit tout à l'heure on n'a pas l'argent. Et si tu n'as pas l'argent, alors ça fera en sorte que tes actions sociales vont être réduites. Autrement ça doit aller de pair.  Et moi je fais beaucoup attention pour ne pas différencier le spirituel du social, parce qu'en fait quand je vais voir un monsieur qui a faim, je lui donne à manger, il n' y a pas d'incidence seulement sur son physique mais une incidence sur son esprit, parce que son esprit reste bien disponible pour écouter ce que moi j'ai à lui dire. Donc c'est difficile pour moi, je n'arrive presque pas à dissocier ce que j'appelle une action sociale du spirituel. Quand je fais le social je me dis je fais du spirituel.

 

K.G.K: Quels sont vos projets concrets ?

 

D.N.K : C'est pour ça je dis tout à l'heure je me garde de faire des déclarations démagogiques. Parce que quand vous dites aux gens, je ne suis pas un politicien, je suis un homme de Dieu. J'ai des choses dans mon cœur que je veux réaliser, mais je veux le réaliser qu'avec le Seigneur. Est-ce que maintenant j'ai le feu vert du Seigneur je ne sais pas. Si j'ai le feu vert du Seigneur Il va accomplir ces choses en son temps et les gens vont voir. Si je dis aujourd'hui bon voilà je vais construire un hôpital pour les gens et je ne construis pas un hôpital pour les gens je suis devenu un politicien. Si je dis je vais construire une école pour les gens et je ne la construis pas je deviens démagogue, un politicien tout simplement donc je dirai tout ce que nous allons accomplir durant notre mandat nous sera en fait dicté par le Seigneur. Nous avons envie de nous attaquer au problème d'éducation, c'est évident que qui s'attaque au problème d'éducation parle de construction d'écoles. Nous allons nous attaquer au problème de santé, qui parle de santé parlera bien sûr de la construction d'infrastructures de santé, mais tout ça nous voulons l'accomplir avec le Seigneur, donc je ne veux pas promettre aux gens que je vais faire ceci ou je vais faire cela. J 'ai la volonté de faire des choses dans ces domaines mais je m'attends au Seigneur, je me garde de faire des promesses, c'est ça ma philosophie.

 

K.G.K : La jeunesse scolarisée se sent souvent délaissée

 

D.N.K : Bon (rire), comme je l'ai dit tout à l'heure en temps opportun la jeunesse scolarisée saura ce qu'on veut faire. (Rire), je me garde toujours des promesses, les promesses c'est très dangereux pour un responsable. Dès que nous aurons les possibilités, la jeunesse saura ce qu'on peut faire pour elle. Ce qui est certain nous pensons beaucoup à la jeunesse, moi même j'ai été étudiant je sais ce que cela vaut. Au regard de ce que la jeunesse estudiantine vit aujourd'hui, du moins cette jeunesse scolarisée vit aujourd'hui, nous sommes conscients du problème mais un père ne peut offrir à ses enfants que ce qu'il a. Comme je l'ai dit nous héritons d'une situation terrible, nous sommes entrain de toujours prier pour que Dieu nous donne la direction, nous sommes toujours entrain de travailler sur ce que j'appelle la planification, nous prendrons en compte peut-être tout ce que la jeunesse va nous dire de faire mais nous ne pouvons rien faire sans cette jeunesse, nous allons le faire avec elle. En temps opportun nous discuterons avec la jeunesse, qu'elle soit scolarisée ou rurale, nous allons discuter avec chacune d'elle.

 

  K.G.K: Quel est le budget annuel de l'Eglise?

 

  DNK : Bon je savais qu'il y avait un budget qui était évalué à huit millions chaque année et il fallait trouver huit millions pour le fonctionnement de l'administration et pour beaucoup de choses. Mais pour l'instant comme je l'ai dit on n'a établi aucun budget, nous aurons notre première session en juin, et c'est pendant le mois de juin que beaucoup de choses seront discutées pour voir ce qu'il faut faire. Pour l'instant je me débrouille avec mes propres moyens.

 

K.G.K : Quelles seront vos stratégies de mobilisation de fonds ?

 

D.N.K : Nous allons tourner dans les Eglises pour demander le soutien financier des fidèles et après nous ferons une tournée si possible à l'extérieur du pays pour la recherche d'autres partenaires. 

 

K.G.K: Est- ce que selon vous les chrétiens contribuent assez ?

 

D.N.K : Ils ne contribuent pas assez mais ce qui est important aussi il faut faire des bilans des contributions des chrétiens pour les motiver davantage à donner.  Nous sommes par exemple huit cents membres, si chaque membre donne mille francs nous aurons huit millions dans la caisse, ce qui peut nous permettre déjà de faire de grandes réalisations.

 

K.G.K : Parlons maintenant de la radio, vous êtes directeur de la radio ESO et aujourd'hui président du C.N.E, comment comptez vous remplir ces deux fonctions ?

 

DNK : Bon il y avait des gens qui m'ont précédé, ils avaient leurs activités et cela ne les a pas dérangés de faire leur travail à ce que je sache. Autrement dit si cela avait dérangé les gens ils allaient leur dire d'arrêter, mais ils ont dirigé pendant dix ans tout en allant dans leurs champs. Moi je suis dans mon service à la radio, si quelqu'un a besoin de moi il sait où me trouver. Présentement je suis entrain de faire une planification de sorte que je puisse être deux jours à   l'administration et trois jours au sein de la radio. Je m'organise de telle sorte que le travail soit délégué.

 

 K.G.K: Entre la présidence du C.N.E et la direction de la radio votre cœur balance plus pour laquelle ?

 

 DNK : Pour moi la présidence est une responsabilité qu'on m'a confiée en tant que Pasteur, par contre la radio c'est une vocation, je fais la part des choses même si les gens ne me comprennent pas (…). Il faut préciser, on m'a élu président mais ça ce n'est pas ma fonction. Je suis d'abord journaliste donc il n'y a pas de raison que je quitte la radio sous prétexte que je suis devenu président. C'est un titre qu'on m'a donné et on m'a demandé de faire un travail je le fais. J'ai été clair avec les gens que pas question pour moi de démissionner pour aller assumer une fonction de président parce que ce n'est pas à ça que Dieu m'a appelé. Dieu m'a dit, fais ton évangélisation par les médias, si je me retrouve ailleurs c'est pour donner un coup de main. Si je quitte, cela veut dire en clair que j'ai changé mon fusil d'épaule et je ne serai pas exactement à la place que Dieu m'a dit d'être. Mais même si un jour je devais quitter momentanément la radio je ne m'inquièterai pas pour son avenir parce que j'ai formé des gens capables d'assumer la direction de la radio sans moi (…).

 

K.G.K: Quelle sera votre politique d'implantation d'Eglises dans d'autres villes ?

 

DNK : Nous mettrons l'accent sur l'avance urbaine. J'ai des amis qui ont exprimé leur besoin de venir ici, mais ce qui me gène il y a un élément qui est très important, nous sommes déjà affiliés à une mission et ces amis ne veulent pas venir s'aggriper à une autre mission (…).

 

K.G.K: Est-ce qu'il vous arrive souvent de penser à revoir le partenariat qui lie l'Eglise à la mission WEC ou de souhaiter même son départ ?

 

DNK : Nous ne sommes pas en politique donc j'évite ça, mais s'il m'était donné personnellement de revoir notre partenariat avec la mission je voudrais que la mission accomplisse plutôt le programme de l'Eglise que d'accomplir son programme. J'estime que l'Eglise reste, demeure mais une mission ? Il y a ce que j'ai appelé l'euthanasie de la mission c'est- à - dire la mission doit mourir pour faire place à l'Eglise. Et si la mission doit mourir pour faire place à l'Eglise, cela voudra dire qu'aucune mission ne devra s'arroger le droit de dire nous travaillons seuls parce que l'Eglise est incapable. Donc pour moi la mission doit s'atteler à donner une formation de qualité aux locaux pour la relève quand la mission ne sera plus là. Si par exemple la radio ESO avait été fondée par la mission elle ne fonctionnerait pas toujours aujourd'hui. Ma vision c'est que la mission disparaisse parce qu'après avoir accompli une mission on s'en va. Ce n'est pas que je le souhaite, il faut que les gens me comprennent, toute mission a une fin.

 

K.G.K: Qu'est-ce que les gens disent généralement de vous ?

 

DNK : De moi ? Il y a des gens qui disent que je suis bien et j'en suis fier, il y a des gens qui disent aussi que je suis mauvais. C'est normal ça fait partie de la vie. Il faut toujours des gens qui soient pour toi et des gens qui soient contre toi. Quand Jésus a posé la question à ses disciples qu'est-ce que les gens disent de lui, ils ont donné toute sorte de réponses. Je crois que mon cas aussi c'est la même chose, certains pensent que je fais du bon travail et d'autres disent que je suis un mauvais type.

 

K.G.K: On dit de vous très ferme et vous êtes souvent traité de rebelle, est-ce pour vous des qualités ou des défauts ?

 

DNK : Je suis un rebelle de Dieu. Quand on est rebelle de Dieu c'est une qualité. (…Rires) pour la simple raison que ça dépend de mon appel ; moi je n'ai pas choisi de servir le Seigneur volontairement. Mon service a été un peu comme celui de Paul, parce que je ne voulais pas. C'est forcé vraiment par la main de Dieu que j'en suis arrivé à ce service ; donc je ne badine pas avec tout ce qui concerne le travail de Dieu. Quand je vois quelqu'un qui fait mal le travail de Dieu ça me met en boule, voilà pourquoi les gens pensent que je suis ferme et cela ne me dérange pas j'en suis même fier (…).

 

K.G.K: Un mot de fin

 

DNK : Je dirai que je suis un homme faible, sans intelligence et sans sagesse ; donc j'ai besoin que les gens prient pour moi afin que j'ai la sagesse qui vient de Dieu. En plus nous avons besoin de tous les fils et filles de l' EPE pour construire ensemble (…).

 

 

 

                                                 Interview réalisée par Koundjoro Gabriel KAMBOU

 

 

                                                                                              

   



26/07/2007
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