INFO-BURKINA

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Gaoua : un meurtre, des meurtres. Halte !


La ville de Gaoua est depuis mardi sous coupe réglée. Destructions de biens matériels, assassinats, peur, pleurs et appel à la vengeance rythment la vie des Gaoualais. La raison, le meurtre d’un jeune enfant nouvellement admis à son examen du CEPE. La pilule passe difficilement chez la population de Tonkar d’où est originaire la victime.  Elle se révolte.


Dimanche 12 août au matin. Village de Tonkar à cinq kilomètres de la ville de Gaoua : Kambou Francis est envoyé au marché avec sa petite sœur pour vendre des chèvres et des poulets. Le petit Francis, 12 ans, vient de réussir à son examen du CEPE et la vente des chèvres doit servir à préparer sa prochaine rentrée scolaire. Sur son vélo, Francis est intercepté par un client qui achète les chèvres mais lui fait savoir qu’il n’a pas l’argent sur lui. Il invite Francis à le suivre chez lui pour prendre l’argent. Francis partit et ne revint plus jamais.


Au village, on attendit Francis en vain. Les habitants de Tonkar commencèrent eux- mêmes les recherches. Le lundi 13 août, ils retrouvent le vélo. Appelée, la gendarmerie vient faire le constat sans entamer les recherches pour retrouver Francis. La population poursuivit alors ses efforts de recherche jusqu’au mardi matin où le corps sans vie de Francis est retrouvé dans un bas-fond du quartier de Youmpi. Le corps, mutilé, est en état de putréfaction. La population est horrifiée et révoltée contre ce crime crapuleux. Justice et vengeance. Pour exprimer son indignation, la population saccage boutiques, étals et maisons d’habitation. La communauté peulh est particulièrement prise pour cible parce que selon la description de la petite sœur de la victime, l’homme qui a amené son frère est un peulh. D’ailleurs, tout récemment le village de Tonkar avait eu maille à partir avec leurs voisins peulhs dont les concessions auraient été incendiées. Ces derniers avaient promis vengeance.


Toute la journée du mardi, la ville était la propriété des manifestants. Boutiques, services, restaurants et banques sont restés fermés ; les Gaoualais terrés chez eux. Dans les représailles, d’autres meurtres furent commis. Il est fait état d’au moins trois morts : un lobi, un peulh et un mossi. Des enlèvements sont aussi signalés. La journée du jeudi, la communauté moaga décide à son tour de marcher sur le gouvernorat. Malgré les multiples négociations pour apaiser les esprits des uns et des autres, le langage de la violence continua. Le gouvernorat est pris d’assaut par les mossis. La pluie de cailloux sur les bâtiments brisent vitres et autres matériels avant que la CRS ne ramène l’ordre. Un calme précaire règne mais la tension est loin d’être totalement retombée. Les craintes sont encore grandes. Comment ramener la paix et la cohésion sociales entre ces peuples qui ont toujours vécu ensembles et partagé leurs joies et leurs peines ?


Avant de réagir à cet article, réfléchis. En ce moment, tous, nous avons besoin d’eau, pas d’huile pour éteindre le feu. Kalé à 50km de Nouna ; Dédougou ; Sabcé ; Yako ; Fada ; Kaya ; Koudougou ; Gaoua, etc. "la barbarie" est commune à toutes les sociétés humaines. L’instinct de vengeance aussi. Notre rôle ? Enseigner, éduquer à la non- violence et à la paix. Travailler activement à revêtir la justice burkinabè, dénudée, de ses belles robes justes et impartiales. Complémentarité et fraternité, ensembles entonnons le même chœur, celui de la paix véritable et du respect mutuel.


Koundjoro Gabriel Kambou

                                                                                    



16/08/2012
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