INFO-BURKINA

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GROGNE D'ETUDIANTS "BRIMES"

Nous avons été victimes des mesures iniques et cyniques du ministre Koutaba

 

Depuis un certain temps, un contentieux entre des étudiants et l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) défraie la chronique au campus universitaire de Zogona et dans certains milieux de jeunes. A l’origine de ce contentieux qui dure depuis plusieurs mois déjà, le rejet de 116 dossiers d’étudiants stagiaires titulaires de la licence et candidats aux allocations du Programme d’aide à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes diplômés. En effet, ce programme du ministère de la jeunesse et de l’emploi, géré par l’Agence nationale pour l’emploi vient en aide aux étudiants stagiaires remplissant les critères de sélection avec une allocation financière de trente mille francs (30 000f) par mois sur une période de trois mois. Cette affaire qui ira  certainement en justice mérite que l’on s’y attarde un peu pour comprendre davantage ce qui divise tant ces deux camps à savoir les étudiants « victimes » (c’est leur mot), et le ministère de la jeunesse et de l’emploi. Voici la version du camp des « étudiants victimes » que nous avons recueillie avec un des leurs, Nikièma Dramane, étudiant en 4è année sociologie à l’université de Ouagadougou.

« Depuis 5 années l’ANPE lance un programme d’insertion socioprofessionnelle des jeunes diplômés. Le programme consiste à être titulaire de l’un des diplômes exigés c’est-à-dire le BTS, le DUT, la licence, la maitrise, le DEA, le DESS, le Doctorat, et demander un stage auprès d’une entreprise de la place. Lorsque la demande est agréée le directeur de l’entreprise vous délivre une lettre de stage et vous adjoignez cette lettre d’acceptation de stage aux copies de la carte ANPE et des diplômes. Une fois que l’ANPE accepte le contrat, vous commencez votre stage. L’ANPE s’engage à vous verser des frais de stage sur 3 mois à raison de 30 000F par mois. Conformément à la note circulaire datée du 13 mai 2009, la licence a figuré parmi les diplômes exigés. L’opération a consisté en deux vagues. L’ANPE a recruté 850 stagiaires et par la suite elle a ouvert une autre liste pour recruter 200 stagiaires. Nous nous faisons partie de la 2ème vague. Au delà des allocations, une formation sur l’entreprenariat et les techniques de recherches d’emploi est assurée. C’est à l’issue de cette formation que tu entres en possession de tes allocations. Ils ont formé de 01 à 587 (une 1ère vague). Donc nous qui avons fini notre stage on était en attente d’être programmé pour la formation. Quand ils ont formé de 01 à 587, ils ont interrompu pendant une période de deux semaines alors que c’était continu. Nous nous sommes dits que cela est dû à une difficulté organisationnelle de leur part et que la semaine qui suit nous serions programmés. Mais à notre grande surprise nous sommes allés à l’ANPE trouver une note circulaire du DG de l’ANPE qui a rejeté 116 dossiers. Nous n’avons pas compris la raison pour laquelle ces dossiers ont été rejetés. C’est par la suite que nous avons compris que tous ceux dont les dossiers ont été rejetés sont titulaires de la licence. Automatiquement nous avons mis un cadre organisé sur pied pour rencontrer le DG de l’ANPE afin de comprendre pourquoi nous avons été frappés par ladite mesure. Lorsque nous l’avons rencontré, rien n’en est sorti. Il a décliné toute responsabilité de sa part en nous faisant savoir qu’il ne fait qu’appliquer les mesures de son ministère de tutelle (MJE) c'est-à-dire que c’est le Ministre KOUTABA qui a instruit cela. Ils ont donc changé les règles du jeu pendant le jeu. Dans le communiqué qui nous invitait à déposer nos dossiers la licence était prise en compte, donc on ne comprend pas pourquoi les contrats ont été signés et on nous a même remis des lettres de remerciement aux responsables des entreprises. Après la rencontre avec le DG de l’ANPE nous avons entrepris de rencontrer les autorités du ministère. Cela a coïncidé avec la période de l’inondation. Le 3 septembre quand nous sommes allés pour rencontrer le ministre il s’est trouvé qu’il était en conseil des ministres extraordinaire, nous n’avons pas pu le rencontrer. Par contre nous avons pu rencontrer son protocole qui nous a demandé de rédiger une note qu’il allait lui-même remettre à mains propres au ministre et qu’il allait nous appeler dans la semaine. Nous avons attendu deux semaines il n’y avait pas d’appel. Nous nous sommes retrouvés pour discuter et trouver les perspectives à entreprendre. On s’est vus obliger de rechercher la bataille de l’opinion publique nationale et internationale en faisant des déclarations dans les différentes presses. On pensait que les autorités allaient nous appeler pour discuter du problème. Au jour d’aujourd’hui aucune autorité ne nous a rencontrées pour discuter du problème. Nous estimons que nous avons été frappés par des mesures cyniques et iniques de la part du ministère et de l’ANPE. Aujourd’hui nous sommes entrain de privilégier la voie du procès. Nous avons rencontré Me FARAMA qui est entrain de défendre notre cause devant les juridictions compétentes. »

Mais est-ce que vous êtes repartis voir le protocole pour qu’il vous dise pourquoi ils ne vous ont pas rappelé ?

Lorsque nous avons rencontré le protocole il a manifesté au départ une bonne foi qui par la suite s’est soldée en mauvaise foi. Quand nous lui avons remis la note à adresser au ministre il avait prévu nous appeler, mais comme ça trainait nous sommes allés le voir pour lui dire qu’on a soumis un problème à son niveau et qu’on est venu pour voir quel est la conduite à tenir. Il nous a fait savoir qu’il a oublié le problème. Donc vous voyez qu’il y a un laxisme quelque part. Au delà de cela il nous fait savoir que le ministre a instruit son SG de nous rencontrer. Nous sommes allés au secrétariat du SG et quand nous sommes arrivés la secrétaire du SG était étonnée que le protocole nous envoie voir le SG du ministre parce que pour elle elle estimait que le protocole était suffisamment informé que le SG était partie en congés pour deux semaines. Automatiquement c’est un subterfuge qui se dessinait. La secrétaire nous a invités à rencontrer l’intérimaire du SG. J’ai pris la parole pour dire que c’est le protocole qui nous envoie voir le SG, on va repartir lui rendre compte. S’il estime que l’intérimaire peut nous rencontrer il n’y a pas de problème. Quand nous lui avons rendu compte, il a joué à l’étonné comme s’il ne savait pas que le SG était allé en congés. Je lui ai dit que la secrétaire nous invite à rencontrer l’intérimaire qu’est ce qu’il en pensait ? Il m’a fait savoir que seul le SG peut apporter une solution à notre problème. Nous avons donc dit que si l’intérimaire ne peut pas jouer le rôle du SG, qu’on ferme son bureau. Sinon pourquoi placer l’intérimaire qui ne peut pas apporter de solution à une question  aussi sensible ? Nous sommes repartis maintes fois au ministère mais nos démarches sont restées lettre morte. Les autorités faisant une fuite en avant, aujourd’hui nous sommes obligés de privilégier la voie du procès.

Il y a une note datée du 13 mai 2009 qui vous invitait à déposer vos dossiers, mais est-ce qu’il y a une autre note qui est sortie pour dire que la licence n’est plus prise en compte ?

La note qui a lancé le programme est un communiqué et la note qui a rejeté les 116 dossiers est une note de service. Les deux notes sont dûment signées par le DG de l’ANPE, mais quand on prend la valeur juridique de ces deux notes, il y a un problème quelque part. La même note qui rejetait les titulaires de la licence précisait que les titulaires de la maîtrise pouvaient réactualiser leurs dossiers pour entrer en possession de leurs allocations. Pourtant vous savez qu’en raison du trouble académique personne n’est titulaire d’une maîtrise de l’année académique 2008-2009 puisque tous ceux qui sont frappés par la mesure sont des étudiants de  l’université de Ouagadougou.

Ce qui veut dire que dans la 1ère vague parmi ceux qui bénéficient des allocations il y a des titulaires de la licence ?

Il se trouve que ceux qui ont été formés dans la fourchette 01 à 587, il y avait certains qui étaient titulaires de la licence mais qui ont pu bénéficier de leurs allocations et du même coup on crée une justice de deux poids deux mesures pour des individus qui ont le même statut. Je connais personnellement des amis qui ont pu bénéficier de leurs allocations. Tout récemment ils ont programmé la formation pour les titulaires du DUT, de la maîtrise mais nous nous avons constaté des irrégularités dans cette liste. Nous avons photocopié la liste des 116 personnes dont les dossiers ont été rejetés. Nous avons confronté ladite liste à celle qui venait d’être affichée et on s’est rendu compte qu’il y a des gens qui avaient été frappés par la mesure mais qui sont programmés pour la formation. Ce qui veut dire qu’il a été fabriqué des maîtrises pour ces personnes. Nous avons pu détecter cinq irrégularités.

Avez-vous la mobilisation des 116 personnes dont les dossiers ont été rejetés pour engager la procédure judiciaire ?

Pour toute lutte on ne peut pas avoir l’unanimité de tous. Nous avons eu à peu près 20 rencontres ordinaires et 5 rencontres extraordinaires. La participation n’est pas aussi acceptable que ça mais on se retrouve à 20 autour de la question et nous en discutons. Pour nous il ne s’agit pas d’aller au procès au nom des 116 personnes. Celui qui veut que sa cause soit défendue doit s’inscrire sur notre liste.

 

Pour l’équilibre de l’information nous avons aussi cherché à donner la parole à l’Agence nationale pour l’emploi et au ministère de la jeunesse et de l’emploi (au besoin). Notre première tentative s’est soldée par un échec, dû aux absences du directeur général de l’ANPE, du directeur de communication et de la presse ministérielle et du secrétaire général du Ministère de la Jeunesse et de l’Emploi pour raisons de mission. A notre deuxième tentative nous avons pu rencontrer le directeur général de l’ANPE, Benoît Kaboré avec qui nous nous sommes entretenus.  Cet entretien n’ayant pas été enregistré (le directeur venant d’arriver de sa mission n’avait pas de temps pour nous accorder une interview), nous transcrivons ici ce que notre mémoire a pu retenir.

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                     LE MINISTRE DE LA JEUNESSE ET DE L'EMPLOI,

                                          JUSTIN KOUTABA

« Nous avons réalisé ce projet (appelé Top Vacance Emploi au départ) en 2005, 2006 et 2007. Les résultats de ces éditions que nous avons présentés au Gouvernement ont rencontré son assentiment. Le Gouvernement a donc dit, au lieu que ce soit des projets où nous n’avons pas de fonds, il va nous aider. Le Gouvernement a donc demandé à ce qu’on inscrive sur le compte budgétaire, 350 millions. Donc c’est devenu maintenant un programme, notamment le programme d’aide à l’insertion socio- professionnelle des jeunes diplômés en fin de cycle. Dans le programme ce n’est plus les mêmes conditions que dans  le projet. La licence n’est pas un diplôme de fin de cycle. Quand nous avons fait passer le premier communiqué, le ministère nous a rappelé que ce n’est plus un projet mais un programme et le minimum il faut avoir soit le BTS, soit la maîtrise, le DESS, le DEA ou le Doctorat. A cet effet un spot publicitaire passe à la télé pour informer le public. Mais ceux de la première vague titulaires de la licence qui avaient leurs dossiers signés par le contrôleur d’Etat ont pu bénéficier des allocations mais on a dit à partir de ces gens on ne prend plus de dossiers licence. Ceux qui se plaignent aujourd’hui sont venus ici on a causé deux heures d’horloge ils ont dit qu’ils ont compris et ils sont partis. Les étudiants qui avaient déposé leurs dossiers avec la licence et qu’on a rejetés, quand ils ont eu leur maîtrise ils sont venus compléter et ils ont été acceptés. C’est nous- même qui avons initié ce projet, pourquoi alors on va vouloir brimer des gens ? Ceux qui ont la licence occupent les places de ceux qui ont des diplômes de fin de cycle et qui sont à la recherche de l’emploi, ce n’est pas normal. Ceux qui ont la licence quand ils finissent le stage ils repartent au campus pour terminer leur cycle, ils ne sont pas confrontés au problème de l’emploi comme ceux qui ont fini. Pourtant ce que nous recherchons c’est que l’étudiant à la fin de son stage puisse être retenu dans l’entreprise où il a fait son stage.

Quand ils sont venus me voir et qu’on s’est entretenus, à la fin ils m’ont demandé est- ce qu’ils peuvent aller voir le ministre pour des compléments d’information ? J’ai dit il n’y a pas de problème. Le ministre a dit qu’il est prêt à les recevoir s’ils ont besoin d’informations. Ils sont allés une fois ils n’ont pas vu le ministre et ils ont commencé à faire des déclarations dans les journaux. »

 

A chaque lecteur ou lectrice de se faire son idée de cette affaire.

 

Koundjoro Gabriel KAMBOU

 

 

  



24/11/2009
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