INFO-BURKINA

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GUINEE CONAKRY

 

Le président de Dieu a passé l’arme à gauche

Conakry, lundi 22décembre 2008. Il est 18h 45 quand le président de l’Assemblée nationale déclare sur la télévision d’Etat guinéenne : « Nous avons le regret d’annoncer au peuple de Guinée le décès du général Lansana Conté des suites d’une longue maladie. » Ainsi le président établi par Dieu, venait d’être évincé par Dieu et rappelé auprès de lui. Une page (vieille de vingt quatre ans) de l’histoire de la Guinée se tourne. Un soleil nouveau se lève pour le peuple guinéen. Un soleil de libération teinté d’espoir. Le Général passe l’arme à gauche. Le capitaine  prend la relève. L’histoire se répétera- t- elle en Guinée ? 

               

                      Le capitaine Moussa Dadis Camara

Avec la mort du président Lansana Conté, la Guinée tourne une page importante de son histoire. Vingt-quatre ans de pouvoir qui ont plongé le pays dans une misère totale en dépit de son extrême richesse. On se rappelle encore les mouvements de grève de janvier et février 2007 qui avaient plongé le pays dans une crise sans précédent. La répression de ce mouvement de protestation fait entre 137 et 186 morts. Depuis le peuple guinéen attendait l’heure de Dieu qui les libérerait du joug Conté. Et l’heure fut là. 22 décembre 2008. Pour la majorité de l’opinion publique, la mort de Lansana Conté est une perte pour sa famille mais pas pour le peuple guinéen. « Nous sommes enfin libres ! » Mais quelques heures après l’annonce de la mort du général Conté, sur les ondes de radio Conakry, des militaires prennent le pouvoir et annoncent la dissolution du gouvernement, des institutions républicaines et la mise en place d’un conseil consultatif composé de militaires et de civils. A la tête des putschistes, le capitaine Moussa Dadis Camara jusqu’alors chef de la section carburant à l’intendance des armées. Le capitaine justifie sa prise du pouvoir par « le désespoir profond de la population » et la nécessité du « redressement économique et de la lutte contre la corruption ». « Les détournements de deniers publics, la corruption généralisée, l'impunité érigée en méthode de gouvernement, l'anarchie dans l'appareil de l'Etat ont fini par plonger notre pays dans une situation économique catastrophique, particulièrement dramatique pour la grande majorité des Guinéens, les membres de l'actuel gouvernement sont en grande partie responsables de ces crises sociale et économique sans précédent, de même les institutions républicaines ont brillé par leur incapacité à s'impliquer dans la résolution de cette crise », professe le nouvel homme fort de Guinée. Le CNDD, le Conseil national pour la démocratie et le développement, a fait naître dans la population l’espoir d’un changement. La population exulte de joie. Le gouvernement se met à la disposition des putschistes. Le coup d’Etat est consommé. En prenant le pouvoir, le CNDD met fin au « système Conté » qui permettait à une extrème minorité d’hommes d’affaires, de politiques, de militaires et de fonctionnaires de s’enrichir au détriment de la masse populaire.

Moussa Dadis Camara annonce pour décembre 2010 des élections présidentielles pour rétablir l’ordre constitutionnel en remettant le pouvoir aux civils. La junte a d’ailleurs nommé Kabiné Komara, un civil, comme Premier ministre. Mais entre l’espoir d’un changement radical et la crainte d’une répétition de l’épisode Conté, le peuple guinéen reste partagé. Les jours à venir lèveront- ils le voile sur les ambitions ou intentions réelles du capitaine ? Le capitaine fera- t- il mieux que son général ? Wait and see.

                                                              Koundjoro Gabriel KAMBOU

 

 



08/01/2009
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