INFO-BURKINA

INFO-BURKINA

INSCRIPTIONS FRAUDULEUSES Ã L’UNIVERSITÉ DE OUAGADOUGOU

Avec la bénédiction de l’administration ?

Courant février 2009, alors que les inscriptions et réinscriptions battent leur plein à l’université de Ouagadougou, une affaire éclate. Un groupe d’étudiants bien organisés avec à leur disposition des documents de la direction des affaires académiques de l’orientation et des inscriptions (DAOI) inscrivaient de façon parallèle des étudiants. Suite à la plainte d’un étudiant tchadien, il s’en suit des interpellations. A la police judiciaire les langues se délient : des proches collaborateurs du président de l’université de Ouagadougou sont cités dans l’affaire. Mais à travers l’interview qui suit, le président Jean Koulidiaty nie toute implication de son entourage immédiat. Vérité ou protection ? Wait and see.

Koundjoro Gabriel KAMBOU (K.K.G) : Monsieur le président, depuis février 2009 il est question d’une affaire d’inscriptions parallèles à l’université de Ouagadougou de quoi s’agit-il exactement ?

Jean Koulidiaty (J.K): En réalité il ne s’agit pas d’inscriptions parallèles. Il s’agit d’un certain nombre d’étudiants plus ou moins organisés qui ont réussi à dérober des fichiers au niveau de la DAOI et qui essayaient d’une certaine manière de faire inscrire des étudiants. Je pense que ce sont des  étrangers qu’ils  grugeaient. Mais grâce à la vigilance de la DAOI et en particulier de son premier responsable le Pr.  SAMUEL Nakolemdoussé qui a tiré la sonnette d’alarme et nous avons réussi à arrêter et à confier au  SRPJ (service régional de la police judiciaire) de Ouaga les gens qui ont été interpelés.

K.K.G : À quel niveau est l’affaire aujourd’hui ?

J.K : Je pense que j’ai été entendu par le SRPJ et ils ont pu auditionner tous les gens qui étaient impliqués de près ou de loin et ils ont transféré ceux qui ont été retenus au niveau du juge d’instruction, donc l’affaire est toujours en instruction et ce sera jugé très très rapidement. 

K.K.G : Selon des informations, certains de vos proches collaborateurs seraient impliqués, est ce que vous confirmer cette opinion ?

 J.K : Non, je ne confirme  pas. Puisque vous voulez que je sois clair, quand vous parlez de mes proches collaborateurs, il s’agit de mon protocole et d’une dame qui est proche collaboratrice du directeur de la DAOI. Ces deux (2) personnes ont été entendues parce que l’un des étudiants a prétendu être passé par eux pour obtenir certains renseignements ou certaines prérogatives. Naturellement,  quand on prononce votre nom au cours des enquêtes il faut obligatoirement vous entendre. Sinon mes collaborateurs dont vous parlez sont toujours en fonction et ne sont pas inquiétés. C’est à la justice de faire la lumière là-dessus. ils m’ont dit qu’ils n’ont absolument rien à se reprocher et ont même été confrontés à ceux qui ont prononcé leur nom au cours de l’enquête. J’avais dis au commissaire du SRPJ que même si le nom du Président de l’université était prononcé, de ne pas s’inquiéter, je suis disponible pour aller répondre devant eux et avoir des confrontations. Dieu merci pour l’instant ce n’est pas le cas.

Le président de l'université de Ouagadougou, Pr Jean Koulidiaty

K.K.G : La question qu’on se pose aussi c’est comment ces étudiants sont arrivés à dérober  des fichiers de l’administration de l’université ?

Je pense que c’est l’instruction de l’affaire qui permettra de savoir quelles sont les techniques qu’ils ont utilisées pour pouvoir obtenir ce document.

K.K.G : Depuis combien d’années ce problème dure ?

J.K : C’est cette année seulement, parce que chacun des documents a un numéro et ils ont constaté un moment donné qu’il y avait un numéro de série qui manquait et c’est en ce moment qu’ils se sont posés des questions et ils ont réussi à se rendre compte de la disparition de ce lot.

K.K.G :  Donc le défaut a été détecté par la Direction des affaires académiques, de l’orientation et de l’information (DAOI) ?

Le problème a été détecté par les services de la DAOI et son directeur et le même jour ils ont porté plainte et les services de sécurité de l’université ont fait leur travail et dans les 24 heures ils ont réussi  à mettre la main sur les personnes qui étaient impliquées.

K.K.G : Mais selon les information c’est la plainte d’un étudiant tchadien qui aurait déclenché l’affaire.

J.K : Vous savez  lorsqu’il  y a un problème entre deux voleurs ayant volé 100fcfa, c’est qu’il y a un qui veut 75f. C’est  l’étudiant tchadien qui a été lui même interpellé qui a permis qu’on mette la main sur ceux qui étaient concernés dans l’affaire.

 K.K.G : A combien évaluez-vous ce dommage subi par l’université ?

J.K : C’était le début d’une affaire donc il n’y a pas de dommages particuliers puisque de toute façon c’était pour des inscriptions qui n’étaient  pas gratuites d’ailleurs. C’était des inscriptions ordinaires mais pour permettre à des gens qui veulent faire médecine  et qui ne remplissent pas les conditions d’y être. Je pense que c’est plutôt un préjudice moral parce que si toutefois nous n’avions pas  découvert ceci  on pourrait déjà commencé à ne pas être crédible au niveau de directions centrales par exemple. Nous avons aussi demandé au gouvernement de nous amener l’inspection générale des services  de notre ministère qui va venir faire  l’audit de tout le système de la DAOI jusqu’aux scolarités pour savoir s’il y a des failles et à  partir de ce moment  nous allons prendre des mesures nécessaires pour  réorganiser.

K.K.G : Quelles sanctions courent ces étudiants qui sont dans cette affaire ?

J.K : Premièrement, on attend le jugement et après l’université pourra en conseil de discipline faire comparaître ces étudiants et les sanctions vont suivre.

K.K.G : Vous dirigez un grand monde qui est à l’université et quand il y a des affaires comme ça, ça inquiète. Quelles mesures  préventives  vous prévoyez pour rassurer tout le monde universitaire et pour éviter que de telles choses ne se reproduisent ?

J.K : D’abord comme je vous l’ai dit, j’ai demandé un audit qui est en cours et qui sera fait par l’inspection générale. Nous avons pris une décision depuis plusieurs mois pour pouvoir sécuriser nos diplômes. Nous avons pris contact avec des entreprises qui ont pour objet de fabriquer les billets d’argent infalsifiables avec des hologrammes visibles comme invisibles pour pouvoir justement faire un support qui permettra à quiconque veut faire des falsifications d’échouer puisque que les diplômes ne seront ni scanables ni photocopiables. Je pense que c’est la première fois en Afrique que de telles décisions sont prises pour permettre à ceux qui gagnent les diplômes d’avoir des diplômes mérités et que les fraudes cessent. Même le BAC sera fait sur ce modèle.

 

Interview réalisée par Koundjoro Gabriel KAMBOU



07/04/2009
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 151 autres membres