INFO-BURKINA

Des étudiants voleurs de motos

Le phénomène de vols d’engins s’accentue de jour en jour dans la capitale burkinabè. Dans les lieux publics, les services et même dans les maisons, une minute d’inattention et ces délinquants s’en vont avec votre engin. L’université de Ouagadougou n’échappe pas à cette triste réalité. Au contraire. Malgré le mur en béton les vols se poursuivent. Négligence et/ ou implication des étudiants ? Certifié. « Les étudiants c’est eux- mêmes qui sont les voleurs ». Mieux faire connaître le monde et le travail des parkeurs à l’UO dans ce contexte de vols généralisés, nous y sommes allé pour.

« Le travail ici n’est pas facile. On vient à 5h du matin pour attendre les étudiants. A cause du problème de places ils viennent très tôt. On gare leurs engins et on attend jusqu’à 21h ». C’est ainsi la journée d’un parkeur à l’université de Ouagadougou. Réveil très matinal, vigilance, compréhension, Sawadogo Aziz allient tout cela dans le but de servir les étudiants et subvenir à ses besoins. Les problèmes, M. Sawadogo n’en manque pas. « Souvent quand un étudiant perd son ticket et on lui demande de donner sa carte d’étudiant ou sa CIB on va relever les références, il commence à s’énerver en disant que non tu me connais pourtant c’est pas une affaire de connaissance. S’il sort trouver que le vélo n’est pas là c’est un problème pour nous. Quand un étudiant perd son ticket et qu’on veut relever toutes les références (reçu de l’engin, CIB), il veut faire bagarre avec nous. Il y a certains qui comprennent, d’autres ne comprennent même pas ». A y voir de près les étudiants semblent vouloir d’une chose et son contraire. Il faut le reconnaître certains étudiants sont assez négligents. Et quand un engin garé hors d’un parking se perd, ils soupçonnent les parkeurs d’être complices. Mais là- dessus, M. Sawadogo est formel : « les étudiants ont menti c’est eux- mêmes qui sont les voleurs. Comment quelqu’un va garer sa moto hors du parking un parkeur va dire il faut aller voler ? Est-ce que le parkeur connaît le voleur ? Même en tant que parkeur quand tu gares mal les engins on vole. Est-ce que les vols qui se font entre eux en classe, vols de portables, argent, certains prennent leur FONER envoyer en classe ils volent ; est-ce les parkeurs qui le font ? Depuis qu’on attrape les voleurs ici, est-ce qu’un voleur a déjà avoué que c’est tel parkeur qui m’a dit d’aller voler ? Souvent c’est eux- mêmes étudiants qui sont les voleurs. Dans les parkings les étudiants changent souvent de tickets pour nous tromper mais ils n’arrivent pas parce que nous faisons bien notre travail. Nous avons déjà vu des étudiants enlever leurs tickets jeter et prendre la moto d’un autre. On en a attrapé beaucoup mais ils disent non, je me suis trompé. Les voleurs viennent même dans les parkings pour opérer, ce sont les étudiants eux- mêmes. » Charles Bonkoungou, parkeur à l’amphi D regrette également ces cas d’accusation qui arrivent souvent. Et quand une moto se perd dans un parking ? « Quand une moto se perd on vérifie les reçus et le ticket que détient la victime. Nous demandons à quelle heure tu as garé, dans quelle filière tu es pour voir réellement si tu es un étudiant. On attend que tous les étudiants sortent des cours pour d’autres vérifications. C’est après ça qu’on peut admettre que la moto est perdue. Ainsi on prend les reçus et on rembourse la moto à la personne qui a perdu la sienne », relève M. Sawadogo.

A l’université de Ouagadougou il y a beaucoup de parkings dont le rôle essentiel est d’assurer la sécurité des engins. Mais force est de constater que beaucoup d’étudiants préfèrent garer leurs engins en dehors des parkings. Pour plusieurs raisons certainement. Abel Ouédraogo est étudiant en 3è année d’anglais, nous l’avons trouvé prenant son vélo garé hors d’un parking : « J’ai choisi de garer mon vélo en dehors du parking parce qu’avec les déplacements comme les cours ne se font dans un seul amphi, c’est un peu difficile de garer au parking. Il y a également le problème de moyens et surtout le fait que si tu ne pars pas tôt tu ne peux pas avoir une place ; donc chacun est obligé de prendre son vélo pour devancer les autres personnes pour pouvoir avoir une place. » Sié René Dah lui, malgré le fait de s’être fait voler son vélo flambant neuf à sa première année (il est présentement en 3è année géographie), continue de garer avec fierté hors des parkings : « Depuis mon arrivée sur le campus j’ai toujours garé comme ça parce que pour moi c’est beaucoup plus sécurisant. Quand je sors pour prendre c’est plus facile mais avec les parkings il faut souvent faire la queue pour avoir son engin. Garer dans le parking c’est bien mais pour moi c’est une habitude, je conseille aux gens de garer dans les parkings mais pour moi-même je n’arrive pas à le faire. » Mais pourquoi alors accuser les parkeurs de complicité avec les voleurs quand vous perdez votre engin ? « Souvent tu sais quand tu perds quelque chose il va de soi que tu accuses l’autre mais le campus est tellement organisé que quand tu perds ton engin tu te dis mais qu’est- ce qui prouve qu’ils ne travaillent pas avec ceux qui gèrent les parkings ». Pour Boureima Koumbème qui a toujours garé sa moto au parking depuis sa première année, il pense qu’il est plus juste et plus raisonnable de garer son engin dans un parking car ça ne coûte que 500f le mois. En tous les cas chacun de nous se doit d’être responsable et rigoureux en matière de sécurité. Aux étudiants, les parkeurs de l’UO n’ont qu’un seul message : « On veut dire aux étudiants de ne pas déposer leurs engins hors des parkings parce qu’il ya trop de vols. Même dans les classes il y a des vols, à plus forte raison dehors. C’est pourquoi on demande aux étudiants de sécuriser leurs dans les parkings et ils peuvent venir les prendre quand ils veulent. Ça ne coûte pas cher, c’est 25f vélo comme moto. Il y a aussi des cartes d’abonnement mensuel à 500f pour les motos et 300f pour les vélos. Nous savons qu’il n’y a pas d’argent c’est pourquoi nous avons baissé les tarifs ».

                                                          Koundjoro Gabriel KAMBOU