INFO-BURKINA

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La mort

 

Seule panacée aux longs règnes en Afrique?

L’Afrique depuis les indépendances cherche encore difficilement le chemin qui mène à la démocratie véritable. A l’aube des indépendances, nous avons été servis par les partis uniques avec leur lot de conséquences que l’on connaît tous. Entre temps (et depuis lors) il y a eu les coups d’Etat avec leurs corollaires de dictature. Puis souffle le vent du multipartisme, synonyme de liberté donc de démocratie dans les années 90 avec le discours de la Baule. Mais depuis les indépendances jusqu’à nos jours, a- t- on vraiment évolué ? Avons- nous goûté à la liberté, au bonheur tant désiré et tant recherché ? Vivrons- nous un jour dans une démocratie véritable ?

De nos amis de l’occident on entend souvent des propos tels « l’Afrique n’est pas encore prête pour la démocratie ». Cette affirmation provoque chez bien d’Africains une grande colère. Mais comme on le dit, les actes parlent plus fort que la voix. Un regard rétrospectif et le constat de ce qui se passe encore dans bien de pays africains laissent admettre cette réalité. Nous avons encore du chemin à faire. De toutes les anciennes colonies, celles francophones semblent être celles qui répugnent le plus la démocratie. Certains pays à l’image du Bénin, du Mali ont réussi des prouesses avec des alternances pacifiques. D’autres par contre n’en connaissent pas. Sont de ceux- là le Burkina Faso, le Gabon, la Guinée Conakry, etc.

La plupart des pays francophones ont longtemps été victimes des longs règnes. Jusqu’à nos jours, les populations de ces pays continuent de payer un lourd tribut. Nous avons l’exemple de Mobutu roi du Zaïre, parvenu au pouvoir par un coup d’Etat le 25 novembre 1965. Il instaure un régime autoritaire à parti unique et règne par la violence, la répression, la démagogie et la corruption. Un réel tyran devenu monarque sanguinaire qui a dirigé le grand Congo pendant trente- deux (32) ans. Il meurt le 7 septembre 1997 en laissant un pays économiquement exsangue, en conflit avec de nombreux pays voisins et en pleine guerre civile. À sa mort sa fortune personnelle est estimée entre 5 et 6 milliards de dollars et il a laissé à l’État une dette publique de 13 milliards. L’autre exemple de long règne est celui de la Côte- d’Ivoire voisine. Félix Houphouët Boigny a régné pendant trente- trois (33) ans. Après sa mort jusqu’aujourd’hui, la Côte d’Ivoire cherche encore désespérément ses marques. Depuis plus d’une décennie le pays sombre dans le chaos. Et que dire du Togo de Gnassingbé Eyadéma, de la Guinée Conakry du général Lansana Conté ? Seule la mort a eu raison de ces monarques. La mort libère. Vérité indéniable.

La situation socio- politique actuelle en République démocratique du Congo, en Côte- d’Ivoire, au Togo, en Guinée devrait nous enseigner sur "l’héritage" que nous lèguent les longs règnes. Aujourd’hui des pays comme le Gabon, le Burkina Faso (soyons courageux), sont des pays dont personne n’ose envisager des lendemains sereins après le règne des présidents actuels. Déjà, l’hospitalisation du doyen des chefs d’Etat africains a plongé le Gabon dans une inquiétude totale. Même si au départ l’entourage du président Bongo avait voulu cacher sa maladie, aujourd’hui ce n’est un secret pour personne. Omar Bongo Ondimba, 42 ans au pouvoir va mal. Son pays le sera certainement un peu plus après sa disparition. Comme au Togo, après le père on passera le flambeau au fils. Scénario probable. Et le règne continue. Ces présidents africains aux longs règnes haïssent une seule chose : la mort. Parlez de leur maladie, et vous irez dans le meilleur des cas, croupir dans les geôles des prisons. Une fois parvenus au sommet de l’Etat, oublient- ils leur état d’être mortel ? Pourquoi se croient- ils indispensables et les seuls à même de diriger leurs pays ? Ces chefs d’Etat se laissent enseigner peu par l’histoire et leur soi- disant amour pour le peuple n’est en réalité que leur passion maladive pour le pouvoir d’Etat. Ces situations perdurent en Afrique pour deux raisons essentielles : l’analphabétisme et l’extrême pauvreté des 9/10è de la population. Nos braves présidents travaillent activement à maintenir leurs populations dans l’analphabétisme et la pauvreté ambiante. Ainsi, ne comprenant rien dans la démocratie et leurs droits, il est plus facile de leur proposer un sac de riz, un tee- shirt et un chapeau à leur effigie pendant la campagne électorale pour avoir leur adhésion totale. Ils cultivent la corruption, l’impunité et le favoritisme pour obtenir le silence de ceux qui devaient s’élever contre ces pratiques. Pour toutes ces raisons, leur priorité n’est pas dans l’enseignement supérieur mais plutôt dans l’armement conséquent des "forces de l’ordre" pour mater toute dissidence dans le sang. Pour ces présidents que signifie la Constitution de leurs pays ? Rien qu’un chiffon destiné à essuyer leurs fauteuils de président. La volonté du peuple ? "Le peuple veut que je reste encore pour terminer mes grands chantiers."

Et pendant qu’on commençait à espérer qu’avec les exemples du Bénin, du Mali, du Ghana c’en serait fini avec les longs règnes après ceux des dinosaures actuels, un autre président vient de contracter la maladie du pouvoir éternel. Mamadou Tandja vient de révéler au grand jour sa soif du pouvoir absolu. Contre vents et marées il balaie tout sur son passage pour organiser un référendum qui consacrera son règne à la tête de l’Etat nigérien. Et comme en Afrique on n’organise pas des élections pour les perdre, il est sûr et certain de remporter la victoire au soir des élections référendaires. Mais cette situation ne semble pas mouvoir l’Union africaine. Son occupant actuel étant un pur produit du doyen Bongo, l’on voit mal comment il peut lever le doigt pour dénoncer ces comportements qui frisent la dictature. Dans ces cas, on ne louera pas les coups d’Etat mais reconnaissons que certains sont salvateurs. Et si jamais un coup d’Etat intervenait au Niger, l’UA condamnera fermement le coup de force mais le peuple se sentira libéré. A l’analyse l’Union africaine est là pour protéger les chefs d’Etat et non leurs peuples et pour perpétuer les règnes. Aujourd’hui on ne peut pas affirmer avec justesse que les peuples africains méritent ces présidents d’un certain temps. Le salut de l’Afrique viendra quand les 90% de la population seront véritablement instruits et éduqués à la défense des valeurs démocratiques, quand ils seront conscients que seule la lutte libère. Cela mettra du temps mais ça viendra. Tôt ou tard. Acceptons de payer le prix.

 

Koundjoro Gabriel KAMBOU

 

 

 



25/06/2009
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