INFO-BURKINA

Négociation SYNADEC – Gouvernement

La guerre des médias pour avoir l’opinion publique

Le 3 juin dernier, le gouvernement fait un point de presse pour prendre l’opinion publique à témoin sur le fait que les enseignants chercheurs en grève sacrifient l’avenir des étudiants sur l’autel de leurs intérêts égoïstes.

Mons d’une semaine plus tard, plus précisément le 8 juin, le SYNADEC organise aussi une conférence de presse pour rejeter l’entière responsabilité du blocus des activités académiques dans les universités du Burkina sur le gouvernement. Chaque camp estime avoir fait assez de sacrifice pour sauver la situation et tire logiquement le drap de l’opinion publique pour se couvrir.

« Depuis un certain temps, la rumeur et les déclarations officielles du Gouvernement font passer le SYNADEC pour un syndicat maximaliste, jusqu’au boutiste et irresponsable, d’autant plus que ses dirigeants se caractériseraient par une insoutenable légèreté d’esprit… ». Ce sont les premiers mots de la déclaration liminaire du SYNADEC lue par son secrétaire général Magloire Somé. Une déclaration liminaire de onze (11) pages qui retracent point par point la genèse du blocus universitaire consécutif aux incessantes grèves des enseignants chercheurs. Dans cette déclaration, le SYNADEC refuse catégoriquement de porter lui seul la responsabilité du blocage depuis déjà des mois dans nos universités. Au contraire. « Nous avons déposé notre plateforme depuis le 17 juillet 2008. Nous aurions aimé ne pas aller en grève, et nous ne serions pas allé en grève si le gouvernement n’avait pas eu le mépris habituel qu’il a pour les enseignants chercheurs ; la partie gouvernementale déplace les problèmes du blocage », estime le SYNADEC. Ce dernier note une absence de volonté de la part du Gouvernement de négocier ou de discuter sur l’essentiel avec les enseignants. Et cet essentiel reste sans nul doute la revue en hausse des salaires des enseignants chercheurs. Fidèle à sa ligne de conduite qui est celle du dialogue et de la démocratie dans toutes ses démarches, le SYNADEC s’étonne que le gouvernement l’accuse de maximalisme et de jusqu’au boutisme, d’être accroché à l’idée de l’adoption immédiate d’une grille, d’ériger des blocages et de vouloir compromettre l’avenir des étudiants. Sur ce dernier point le SYNADEC insiste sur la culpabilité totale du Gouvernement quant à la compromission de l’avenir des étudiants. « Il n’existe pas de politique de l’enseignement supérieur, en conséquence pas de programme décennal pour l’enseignement supérieur. Les étudiants ne sont pas orientés en fonction de leur profil, mais en fonction des places disponibles. Donc des détenteurs de Bac G1 et G2 se retrouvent en lettres et en sciences humaines et échouent, non pas parce qu’ils ne sont pas intelligents ou travailleurs, mais parce qu’ils ont été mal orientés. Aujourd’hui la qualité de l’enseignement baisse pour raison d’insuffisance des infrastructures et du personnel enseignant ».

Les enseignants se confortent dans leur conviction selon laquelle leur mouvement  engagé a pour but de sauver les universités du Burkina. C’est donc selon eux un mouvement patriotique pour sauvegarder le bien commun national.

Si pour les enseignants la question essentielle reste l’augmentation salariale, la question existentielle qui taraude les esprits des étudiants et étudiantes est claire : l’année académique 2008 – 2009 peut- elle encore être sauvée ? A cette question le secrétaire général du SYNDEC avance la réponse suivante : « l’année peut être encore sauvée. Si nous parvenons à un accord nous ferons les cours jusqu’en fin juillet. Les étudiants auront le mois d’août pour bosser. La première session se déroulera en septembre. La deuxième en novembre ou décembre et l’année 2009 – 2010 débutera en janvier ». Scénario possible certes. Mais à quand la signature de cet accord quand on sait que chaque camp estime avoir assez fait et ne tient pas à bouger de sa position ?

Koundjoro Gabriel KAMBOU