INFO-BURKINA

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Orpaillage à Holly : un blessé grave, des dégâts matériels

C’était il y a deux ans, deux mois. Jeudi 3 juin 2010. Le titre de mon article publié sur le portail d’informations lefaso.net était : « Exploitation d’or à Gaoua : Le torchon brûle encore depuis ce mercredi ». Et le chapeau (genre introduction) de l’article : «La question de l’orpaillage continue de troubler la quiétude de la population de Gaoua. Après Kampti, Gaoua- ville, Djikando, c’est aujourd’hui le village de Holly à 12 km de Gaoua qui est en ébullition. Affrontements entre villageois et orpailleurs désireux de s’installer dans le village, intervention des forces de l’ordre et arrestation d’un villageois. La tension est vive ». Fin de citation. Deux ans après, ce chapeau est encore valable et actuel. Pour celui- ci :


Samedi 4 août 2012, Holly est en deuil. L’ancien délégué du village a été rappelé auprès des ancêtres. Tous les villageois sont aux funérailles. Tous, sauf Samuel, un fils du village. Occupés par les pleurs et la consommation du dolo, les villageois sont informés par des enfants que Samuel aurait amené clandestinement des orpailleurs pour creuser l’or dans le village. Branle- bas total ! L’histoire se répète. Flashback : « Lundi 31 mai 2010, les habitants de Holly étaient aux funérailles d’un des leurs. Ce même jour, un groupe d’orpailleurs débarquent dans le village en compagnie de certains éléments de la police nationale pour exploiter l’or dans le village. Informée, la population se rend sur les lieux pour déguerpir les étrangers indésirables. Il s’en est suivi un affrontement. La population prend à partie un groupe de jeunes du village qui sont de mèche avec les orpailleurs. Ces jeunes s’en sortent avec des blessures ».


Ce samedi 4 août 2012, encore, comme un seul homme, les hollois quittèrent les funérailles armés de gourdins, de flèches et se dirigèrent vers le lieu où se trouvent "les indésirables". Samuel réussit à fuir. Ses compagnons n’auront pas cette chance. Ces derniers furent copieusement passés à tabac dont un grièvement blessé. Visiblement déchaînés, les villageois mettent le feu à la concession de Samuel. Sa moto à lui nouvellement offerte par des orpailleurs est entièrement brûlée, les plants de son champ sont arrachés. Plus tard les villageois reviennent et terrassent les murs de la concession. Le message est clair : « nous voulons dire à Samuel que nous ne voulons plus le voir au village ici, ni lui, ni aucun membre de sa famille. Il veut gâter notre village, nous ne voulons pas de l’orpaillage archaïque ici », crie un des villageois aux gendarmes venus rétablir l’ordre. Selon ce dernier, le sieur Samuel s’entête à vouloir faire exploiter l’or dans le village malgré leur refus catégorique qu’une telle activité se mène dans leur village.


Approchés, les membres de la famille de Samuel soutiennent qu’il ne s’agissait pas d’une volonté d’extraire l’or mais plutôt de borner leur parcelle. Une thèse que les villageois réfutent. « S’il s’agissait d’un bornage, pourquoi Samuel n’était pas accompagné par des agents de la mairie et des cadastres ? Pourquoi choisit- il un jour où tout le village est en deuil pour faire le bornage de sa parcelle de façon clandestine » ?


Cet incident de Holly vient encore démontrer que l’orpaillage a du mal à s’intégrer au sein du peuple du Sud- Ouest du Burkina. Conscients des conséquences néfastes de cette activité contraire à leurs croyances et coutumes, les habitants des villages où les orpailleurs ne se sont pas encore installés se battent depuis maintenant des années pour arrêter l’hémorragie sociale et spirituelle à eux imposée par l’orpaillage.

Que fait l’Etat ? Complice.


Koundjoro Gabriel Kambou



06/08/2012
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