INFO-BURKINA

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Problèmes récurrents dans les universités burkinabè

La réalité du terrain contredit les écrits du Président Compaoré

La semaine dernière en surfant sur le net nous sommes tombés sur le site de la Présidence du Faso http://www.presidence.bf. Là nous avons trouvé la première édition du livre du président Blaise Compaoré intitulé "Les voies de l'espérance", édité par la Grande imprimerie du Burkina en août 1998. Un parcours rapide du livre et c'est le quatrième point qui retient notre attention. "L'éducation, clé de toute évolution". Vérité indiscutable. D'entrée de jeu le président du Faso écrit : « Dans la lutte pour le progrès, la qualité des ressources humaines est un facteur essentiel. On s'en aperçoit désormais avec plus de lucidité que par le passé. L'expérience de quatre décennies d'indépendance a démontré amplement que l'échec ou les succès mitigés de nos initiatives trouvent souvent leurs origines dans la faiblesse de nos systèmes éducatifs. » Sans commentaire. Alors, Excellence Monsieur Le Président, vous sachant par avance très occupé pour les questions de paix dans la sous région, nous vous demandons néanmoins de relire les vérités indiscutables contenues dans le quatrième point de votre livre, "Les voies de l'espérance", afin de confronter ces vérités à la réalité actuelle sur le terrain. En attendant c'est avec grand plaisir que nous avons lu votre livre et relevé quelques points saillants pour en dire ce que nous pensons en tant que citoyen dans un Etat démocratique.

« L'éducation doit être considérée, tant par les décideurs africains que par les partenaires du développement, non pas comme un simple "secteur social" mais comme un véritable investissement. L'avenir des pays africains dépendra, pour une grande part, de la généralisation de l'éducation ainsi que du développement de la recherche scientifique et technique. Tous les pays qui ont réussi des avancées décisives sur le chemin du développement n'ont pu le faire qu'en domptant les sciences et la technologie.

L'interpellation en ce qui nous concerne est sans ambages : développer en priorité une véritable culture de la science et de la technologie tant chez les élites qu'au niveau de la jeunesse. Et le coût exorbitant que cela entraîne ne saurait être une excuse à un désengagement aussi bien de la puissance publique que des investisseurs privés, car ce serait se fermer les portes de l'avenir. Les techniques nouvelles de la communication, notamment le réseau internet et les inforoutes, anéantissent de nos jours les distances géographiques et rendent le savoir accessible à toutes les régions du monde. Elles offrent à l'Afrique une opportunité exceptionnelle pour développer avec intelligence et hardiesse la qualité de ses ressources humaines. Le Burkina Faso connaît mieux que tout autre pays le prix de la non-maîtrise du savoir-faire scientifique et technologique. L'éducation est devenue une urgence continentale. Éduquer, c'est bâtir le futur. »

A la lecture de ce texte, on ne peut pas ne pas se réjouir que nos autorités se soient rendu compte que notre développement passe par une éducation de qualité. C'est dire que pour ces autorités, l'éducation est la priorité des priorités. En clair, depuis 1998 que le premier responsable a pris conscience quant à la nécessité d'une éducation de qualité pour un réel développement, le secteur de l'éducation se devait d'être le mieux doté en ressources financières, il se devait d'être celui de l'excellence et de l'exemplarité pour les autres pays.

Or quel constat faisons- nous aujourd'hui ? Amer. Au fond rien n'a changé. Aucun dynamisme véritable. Juste après l'édition de votre livre, le secteur de l'éducation a plongé dans une crise sans précédent. Depuis 1999, l'école burkinabè sombre dans le chaos. Point de politique véritable et volontariste. C'est la culture du tâtonnement. La qualité de la formation est revue à la baisse.

A l'école primaire par exemple, la durée de formation des enseignants a chuté. Conséquence, la qualité du niveau de ceux qui enseignent nos enfants aujourd'hui laisse à désirer. Le niveau des enfants encore plus. Ces tares cultivées depuis l'école primaire, les enfants les traînent durant tout leur cursus et par conséquent ne peuvent donner le meilleur d'eux.

Au niveau du supérieur les réalités parlent d'elles mêmes. Tout le Burkina n'a qu'une seule université publique digne de ce nom et dont la grande majorité des bâtiments datent des années 70 et 80. Les universités de Bobo et de Koudougou ne sont en réalité qu'une déconcentration de l'université de Ouagadougou. Depuis l'invalidation de l'année universitaire 99 – 2000 jusqu'à nos jours, la situation de la santé de l'université va de mal en pis. L'université de Ouagadougou a accusé un retard tellement énorme que certains acteurs parlent d'une décennie pour rattraper ce retard. Les enseignants chercheurs viennent d'achever une grève de trois mois. Dans plusieurs départements c'est ce 14 juillet que les cours ont véritablement commencé. Cette longue grève des enseignants a démotivé la plupart des étudiants et beaucoup d'entre eux se sont rabattus sur les concours de la fonction publique, avec l'espoir d'en décrocher un et ainsi quitter définitivement le bourbier universitaire. Ce sont des chercheurs que nous perdons. Pourtant vous reconnaissez Monsieur Le Président dans votre livre que l'avenir des pays africains dépendra (…) du développement de la recherche scientifique et technique. Tous les pays qui ont réussi des avancées décisives sur le chemin du développement n'ont pu le faire qu'en domptant les sciences et la technologie. Monsieur Le Président, le secteur des sciences et de la technologie est en panne dans notre pays. Le monde de l'éducation est en crise et a besoin de votre facilitation pour un Burkina d'avenir paisible. Quand les bâtisseurs du Burkina de demain prennent cours sous des hangars, à même le sol ou dans l'obscurité, l'avenir du pays ne peut qu'être sombre. Inquiétant. La qualité du développement du Burkina dépend de la qualité de formation de ses hommes. Nous croyons en votre grand amour pour le Burkina et son peuple. Merci pour votre action.

 

Démocratiquement,

Koundjoro Gabriel KAMBOU

 



22/07/2009
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