INFO-BURKINA

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Querelle des leaders sankaristes

 

Comme des enfants, ils se traînent dans la boue

Ils se disent animés par un même idéal : l’idéal du Camarade Président Thomas Sankara, tombé un certain 15 octobre 1987 sous les balles assassines de ses meilleurs amis. Chacun affiche fièrement son attachement aux valeurs défendues par Thomas Sankara. En principe ils ont tout pour s’unir puisque la doctrine de leur lutte politique les unit. Mais hélas ! Leurs intérêts particuliers et personnels dépassent l’Idéal. Malgré leur appartenance à la même "famille", ils ne cessent de s’entredéchirer. Comme des enfants. Les leaders sankaristes. Comme le relève si bien la Bible, « Tout royaume divisé contre lui–même est dévasté, et toute ville ou maison divisée contre elle- même ne peut subsister ». Ils n’ont certainement pas lu cette vérité dans le livre de Matthieu 12 le verset 25, ou plutôt ils n’en ont pas mesuré la portée. Sinon comment expliquer ces querelles de clochers ? Ces derniers temps Me Bénéwendé Stanislas Sankara, président de l’Union pour la renaissance/ Parti sankariste (UNIR/ PS) et Norbert Tiendrébéogo, président du Front des forces sociales (FFS) se sont illustrés de la piètre manière. Et c’est la presse qu’ils ont choisi pour laver leur linge bien noire. Il est plus facile de se réclamer de l’idéal de Sankara que d’incarner réellement en paroles et en actes, la personnalité du Capitaine Thomas Sankara. A quelques mois de la présidentielle de novembre 2010 où l’heure est à la mobilisation et à la fédération des forces, c’est le moment idéal choisi par les leaders sankaristes pour s’écrire des diatribes qui étalent sur la place publique leurs faiblesses et leur inconsistance. Me Sankara affirme qu’il ne descendra jamais dans la boue. Norbert Tiendrébéogo aussi. Mais n’y nagent- ils pas déjà ? Jugez- en vous- mêmes après avoir pris connaissance des diatribes qu’ils se sont envoyées par voie de presse.

 Me Bénéwendé Stanislas Sankara, président de l’UNIR/PS et chef de file de l’opposition écrit au président du FFS Norbert Tiendrébéogo le 1er mars 2010.

“Monsieur le Président,

Ce jour 28 février 2010, vous avez tenu une réunion publique à Pô. Vous y avez particulièrement convié certains des militants de mon parti, dont le responsable fédéral de l’UNIR/PS, le camarade Frédéric Tientambou. Au cours de vos échanges, vous avez plutôt tenu des propos mensongers et diffamatoires à l’endroit de mon parti et de moi-même. Vous avez notamment affirmé sans preuve ni fondement que :
 Maître Sankara est financé par El hadj Oumarou Kanazoé, Diendéré Gilbert et sa femme, Fatou ;
 l’UNIR/PS n’est pas un parti sankariste ;
 le chef de file de l’opposition politique est un deal de Maître Sankara avec le pouvoir, etc.

Joins au téléphone aux environs de 14 heures et 45 minutes alors que vous vous apprêtiez à quitter les lieux, vous avez juste reconnu les faits avant de couper précipitamment votre téléphone. C’est pourquoi j’ai immédiatement saisi le président du CPO (Cadre de concertation des partis de l’opposition, Ndlr) et celui du G-14 pour leur exprimer toute ma désapprobation face à vos agissements ; une bassesse à nulle autre pareille. Je pense que si le programme politique du FFS doit s’articuler autour de ragots de cabaret, que ma personne et mon parti en soient épargnés. Au moment où l’opposition cherche à se crédibiliser, je crois plutôt à la force des arguments et à notre capacité de prouver que nous sommes une force de proposition et non une force de destruction, dont je vous concède bien sûr la place.

En tout état de cause, j’estime avoir suffisamment encaissé de votre part des dénigrements graves et divers, et considère que ce qui vient de se passer à Pô ce dimanche 28 février 2010 ne se répétera plus, car cela n’honore nullement, je suppose, les militants désabusés de votre parti, le FFS, ni vous-même. Au demeurant, je vous conjure que vous descendrez seul dans la boue sans Maître Sankara, car, comme dit la sagesse, on ne tire pas sur un corbillard. Veuillez agréer, Monsieur le président, l’assurance de mes sentiments distingués.

 

Le président
Maître Bénéwendé Sankara”

Le président du FFS Norbert Tiendrébéogo répond à Me Bénéwendé Stanislas Sankara.

« I – Les faits

I-1- La réunion de Pô. J’ai effectué une sortie dans cette localité, en compagnie du Secrétaire général et du Commissaire politique, pour apporter mon soutien au Président de Région, au Secrétaire fédéral du Nahouri et aux membres de leur bureau, ainsi qu’aux représentants des villages. Pour certaines contingences, des militants de base ont été admis à la rencontre organisée à l’occasion. Il s’agissait d’une réunion des cadres et militants du FFS, et personne d’autre n’avait été conviée. Mieux, au début des travaux, nous avons demandé que chaque participant se présente et donne son statut (responsable, militant). Frédéric Tientanbou s’est présenté comme militant de base ! Mieux, il a pris la parole parmi les premiers (dans un français très approximatif), pour poser le problème du financement du Président régional et du Secrétaire fédéral par la Direction nationale du parti. Il lui a été répliqué que le FFS ne pratiquait pas la politique des feuilles, mais travaillait plutôt à forger la conviction des militants et cadres. (Nous comprenons maintenant le sens de ses interventions : provocation et sabotage).

C’est donc au cours de ces échanges qu’un camarade s’est inquiété de la multiplicité des partis sankaristes, et demandé pourquoi ils ne s’unissaient pas tous. Nous avons répondu que la question avait été tranchée au niveau du FFS, après une longue analyse et l’observation des acteurs. Les raisons de la dispersion sont nombreuses :
 Beaucoup de partis viennent de scissions douloureuses avec d’autres,

 La pratique quotidienne de plusieurs partis et hommes politiques dits sankaristes sont aux antipodes des valeurs incarnées par le Président Thomas Sankara ;
 Il n’est écrit au front de personne qu’il est sankariste ;
 Certains partis tels que l’UNIR/PS, (dont plus de 75% des cadres dirigeants étaient des militants du FFS, y compris Me Bénéwendé Sankara) font l’objet de trop de rumeurs quant à leur accointance avec le pouvoir en place. Ainsi on dit que ce sont Oumarou Kanazoé et Gilbert Diendéré qui les soutiennent et les financent, que le pouvoir finance régulièrement ce parti et le favorise à chaque élection, etc. Nous avons ajouté qu’en dehors de ces considérations tenant aux rumeurs, nos partis n’avaient même pas la même compréhension du Sankarisme. Ainsi, Me Sankara explique le Sankarisme face à la presse, comme une façon d’être, comme un comportement…. Tandis qu’au niveau du FFS, nous avons défini le Sankarisme comme un courant endogène du Socialisme démocratique, ayant donc un contenu idéologique bien déterminé.

Toutes ces dissonances objectives font que l’unification, dont rêvent beaucoup, apparaît de plus en plus comme un leurre, surtout que pour certains, unité est synonyme d’absorption pure et simple des uns par les autres. A ce propos, nous avons tenu à apporter la précision à nos militants que le chef de file de l’opposition était le porte-parole attitré de l’opposition, et non le chef de l’opposition. Et qu’en conséquence, il n’était pas question qu’ils répondent à une quelconque convocation de la part de celui-ci, si la Direction nationale du parti n’en était pas saisie au préalable.

Poussant l’analyse plus loin, nous avons émis des réserves quant aux nouvelles dispositions d’esprit du pouvoir qui, après avoir tiré en arrière avec le Pr Ki-Zerbo et ses 14 députés, après avoir renié à Me Hermann Yaméogo et ses 17 députés le droit d’exercer la fonction de chef de file de l’opposition, et enfin après avoir vidé ladite fonction de toute sa substance avant de la confier à Me Gilbert Ouédraogo, vient comme atteint par une certaine grâce, relooker cette fonction de chef de file de l’opposition, pour la confier de nos jours à Me Bénéwendé Sankara ! Que s’est-il passé ? Des journaux comme l’Indépendant en tout cas se sont penchés sur la question au travers d’articles forts édifiants, le Journal du Jeudi (JJ) lui, étant même allé jusqu’à parler de probable deal entre Bénéwendé Sankara et Blaise Compaoré. Enfin et pas des moindres, Soumane Touré a soutenu devant la TNB que cette affaire de chef de file de l’opposition était ni plus ni moins qu’un deal ! Ce sont là, Monsieur le Président, les éléments d’analyse et ceux tirés de la rumeur, que nous avons livrés à nos militants, pour qu’ils comprennent bien l’importance des enjeux et l’évolution des choses.

I-2- Votre coup de fil. Moins de 5 minutes après la fin de notre réunion, et alors que nous disions au revoir à nos camarades, vous m’avez joint sur mon portable. Je reprends pour une meilleure compréhension de tous, la substance de nos échanges, que vous avez abusivement qualifiés de « reconnaissance des faits » de ma part :
 Vous (BS) : Norbert, quel jour m’as-tu accompagné chez Gilbert Diendéré pour prendre de l’argent ?
 Moi (NT) : Je ne comprends pas…
 (BS) : C’est Me Sankara ; je te demande quand est-ce que tu m’as accompagné chez Gilbert Diendéré pour recevoir de l’argent ?
 (NT) : Jamais
 (BS) : Tu venais à l’instant de dire lors d’une réunion à Pô, que l’UNIR/PS était financé par Oumarou Kanazoé et Gilbert Diendéré.
 (NT) : Ah oui, ça se dit…
 (BS) : Tu es un sale chien !
 (NT) : Merci
 (BS) : Tu te permets comme ça de raconter des histoires sur le compte de tes collègues ? Dans quelle ville le pouvoir m’a remis de l’argent ?
 (NT) : Au Burkina !
 (BS) : Je dis dans quelle ville ? Il faut préciser !
 (NT) : Au Burkina !
 (BS) : Tu es un être méprisable !
 (NT) : Merci. Et puis plus rien. J’ai attendu stoïquement d’autres injures, et au bout de 5 à 6 secondes, la salve semblant tarie, j’ai raccroché et rendu compte à mes deux accompagnateurs. Lorsque nous avons démarré, et après quelque 200 mètres, j’ai appelé notre Président régional pour lui relater les faits et lui demander de se méfier du nommé Tientambou car il ne nous inspirait pas trop confiance, le camarade Commissaire politique ayant remarqué son comportement singulier. Celui-ci me dira qu’il ignorait comment il était venu à la rencontre, parce que lui, ne l’en avait pas informé. C’était donc un infiltré ! Je dois ajouter, pour être tout à fait complet, que lorsque nous sommes rentrés à Ouaga après une escale à Kombissiri pour y rencontrer les camarades du Bazega, j’ai été joint par Messieurs Emile Paré d’abord (au nom du CPO), puis Issa Tiendrébéogo ensuite (au nom du G14), que vous aviez déjà contactés pour vous plaindre de moi, tout en omettant de leur signifier que vous m’aviez injurié, vous le chef de file de l’opposition politique ! Décrédibilisant ainsi fortement la fonction !!

II – Quels enseignements tirer de cette affaire ?

 Tout d’abord, vous devriez reconnaître que si vous n’aviez pas infiltré un ou des éléments à vous pour espionner une réunion interne au FFS (chose proscrite par la loi et la bienséance), tout cela aurait été évité. Qui plus est, espionner un autre parti de l’opposition, pour vous qui êtes le chef de file de l’opposition pose un sérieux problème de probité morale et surtout de confiance…

 Ensuite, entre nous Me Sankara, n’aurait-il pas été mieux, même après le rapport de votre élément, de m’approcher de façon responsable pour que nous vidions un éventuel contentieux qui eût pu exister ? Ou alors votre dédain et votre mépris pour moi sont-ils si grands que vous ne pouvez plus m’adresser la parole que par des diatribes ? J’ose espérer que non !

 Comparaison n’est peut-être pas raison, mais l’on ne vous a guère entendu ou vu vous effaroucher lorsque le Pr Laurent Bado a déclaré urbi et orbi que « tous les responsables de l’opposition avaient reçu de l’argent du pouvoir, sauf Norbert Tiendrébéogo » ! N’êtes-vous pas un responsable de l’opposition ? Pourquoi cela ne vous a-t-il pas offusqué ?
 Et puis, Monsieur le Président de l’UNIR/PS, je l’ai déjà dit, vous comme beaucoup de vos cadres avez été d’abord des sympathisants, des militants, ou des cadres du même FFS que vous semblez tant haïr aujourd’hui. Votre stratégie de ratissage et de mobilisation ne se développe qu’autour des militants du FFS : en quoi une telle stratégie agrandit-elle réellement les bases sociales du Sankarisme ? Quand on ajoute à ces offensives tous azimuts le fait que vous y mêliez le mensonge et les contrevérités du genre « le FFS est mort, venez tous à l’UNIR/PS » comme vous l’avez fait à Dédougou et dans d’autres localités à travers le pays, l’on ne peut plus s’étonner de rien venant de vous. Et pourtant nous sommes restés sereins, sans animosité aucune !

 Enfin, vous Maître Sankara, drapé de votre nouveau manteau de chef de file de l’opposition politique, n’avez eu aucun état d’âme à déclarer, sans sourciller, dans une interview accordée au journal Bendré, qu’il existe dans l’opposition des gens qui sont pour les élections, d’autres qui sont contre les élections, et enfin des putschistes : inouïe, incroyable ! On se demande ce qu’attend le Procureur pour vous demander de l’aider à arrêter de tels putschistes. Et puis, puisque vous les connaissez ces putschistes, pourquoi acceptez-vous travailler avec eux au sein de l’opposition, vous le chef de file ?

En conclusion de toute cette malheureuse affaire, Monsieur le Président, je vous serais reconnaissant de m’épargner de vos sarcasmes et surtout d’aller à l’essentiel. L’essentiel pour moi, c’est le seul et unique adversaire que j’ai en face. Je n’ai que faire de ses comparses. C’est pourquoi depuis la création du FFS en 1996, et malgré les multiples souffrances que j’ai endurées, je ne cesse d’aller de l’avant, sans faiblesse et sans céder à la corruption politique ou financière. Je souhaite qu’il en soit de même pour vous, et que vous puissiez conduire les militants non désabusés (ceux du FFS étant désabusés, selon vous !) de votre parti vers de vraies victoires qui profitent véritablement au peuple burkinabè. Mais sachez au moins une chose : Norbert Michel Tiendrébéogo ne descendra pas dans la boue, car il n’est pas habitué à une vie politique nocturne pleine de compromissions et de financements occultes dans les couloirs des grands palais… La sagesse populaire dit également qu’ « au marché de bétail, l’on trouve beaucoup de peaux de cabris » ! Sans rancune !

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments distingués.

Le Président national Norbert Michel Tiendrébéogo »

A ces deux leaders et héritiers politiques de Sankara nous disons qu’il leur faut des chargés de communication et/ ou des conseillers politiques. Surtout au premier. Ainsi certainement, tourneront –ils sept fois la langue avant de parler et autant de fois le stylo avant qu’il n’imprime leurs pensées. Ce sera plus sage et plus responsable. Sinon, le mur sera la destination. A bon entendeur…

Koundjoro Gabriel KAMBOU

 



15/03/2010
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