INFO-BURKINA

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RESTAURANTS UNIVERSITAIRES

             Augmenter les tarifs pour résoudre les problèmes

 

Les conditions de restauration à l'université de Ouagadougou il faut le reconnaître se sont compliquées davantage ces derniers temps. Chaque année le nombre d'étudiants augmente, le nombre de charges aussi. Mais le budget alloué par l'Etat pour la restauration reste inamovible. Alors, la possibilité de se restaurer d'une manière digne et respectable est devenue un parcours de combattant pour l'étudiant. Une lueur d'espoir d'un changement? Certainement pas si vite. A travers l'interview qui suit, le directeur général du centre national des oeuvres universitaires (CENOU), le professeur Mamoudou Dicko voit la solution dans le partage du coût des charges entre l'Etat et l'étudiant, c'est- à- dire une augmentation des tarifs de toutes les prestations sociales dont le prix du ticket de restaurant.

M. le directeur vous êtes à la tête du CENOU depuis quelques temps déjà, dites- nous comment se porte le CENOU ?

Le CENOU va dans l’ensemble très bien. Les principales difficultés que nous avons ce sont des contraintes financières. Avec l’augmentation de la quantité d’étudiants nous sommes en train de lutter pour satisfaire malgré l’affluence. Souvent il n’y a pas une corrélation entre la masse monétaire que nous avons et le nombre d’étudiants. Il y a aussi une réticence des étudiants par rapport à l’acceptation du partage des coûts des charges sociales. Actuellement le CENOU fait des efforts surtout à l’endroit des étudiants qui sont vraiment dans le besoin, sinon nous n’avons pas la prétention de satisfaire tous les étudiants du Burkina.

Depuis votre arrivée à la tête du CENOU, quelles sont les innovations que vous avez apportées ?

Les plus grandes innovations que nous avons menées c’est d’abord recentrer les efforts pour réduire les dettes du CENOU. Au CENOU actuellement il y a une sorte de récession économique que nous faisons pour lutter pour rester dans l’enveloppe que nous avons. Les innovations au niveau de la restauration nous avons augmenté la quantité de repas au niveau de Koudougou parce que le nombre d’étudiants a augmenté. Nous avons ouvert un nouveau restaurant. Il y a la cité de Kossodo que les gens pensaient que c’était un rêve qui est devenu fonctionnelle, le restaurant est opérationnel et actuellement nous sommes en train de construire un terrain de football qui sera éclairé. Nous avons animé la ligne de la SOTRACO pour pouvoir transporter les étudiants, nous avons pu rénover l’orchestre de l’université de Ouagadougou dont les procédures d’appel d’offre sont en cours. Nous avons aussi renforcé les contrôles en mettant en place les services de contrôles et d’audit de contrôle dans toutes les directions régionales pour optimiser les contrôles ; parce que vous savez à l’époque beaucoup de non étudiants fréquentaient le CENOU, actuellement nous sommes en train de lutter pour réduire ça. Il nous est d’abord difficile de satisfaire l’ensemble des étudiants du Burkina, si en plus de cela d’autres personnes non étudiantes doivent s’infiltrer dans les rangs, cela nous pose des problèmes. Nous souhaitons dans les années à venir avec la mise en œuvre effective des services d’audit et de contrôle interne de minimiser les intrus. Nous essayons aussi de réduire au maximum les surcharges dans les cités pour qu’habitent seulement dans les cités universitaires les étudiants et ceux qui sont à jour de leur loyer

Est-ce que vous faites souvent des tours au niveau des différents restaurants universitaires ?

Oui. Personnellement je fais le tour et je mange très souvent dans les restaurants universitaires.

Qu’est-ce que vous avez noté comme remarques ?

Ce qu’on peut noter actuellement c’est qu’il y a une très grande affluence. En général dans les grandes cités telles que la cité chinoise et la cité Patte d’Oie je constate qu’il y a plus d’étudiants que notre capacité à pouvoir les satisfaire. Je constate aussi que les prestataires font des efforts pour diversifier les menus quand bien même tous les étudiants ne sont entièrement satisfaits.

                 Le DG du CENOU, Mamoudou H. Dicko

Ces derniers temps nous avons remarqué de nouveaux horaires qui sont appliquées dans les RU. Avant c’était de 10h 30 à 14h 30 et de 18h à 21h30mn, maintenant c’est de 10h à 13h et de 17h à 19h30mn, pourquoi ces changements ?

Ces horaires sont établis dans le sens de l’équilibre au niveau des services, c’est- à- dire que nous avons fait les répartitions des repas entre les restaurants pour que les étudiants puissent les fréquenter de manière équilibrée. Nous faisons cela pour que si un restaurant finit de servir le nombre de plats qui lui est dédié par jour, que les étudiants puissent aller dans le restaurant d’à côté. Autrement dit les prestataires n’ont pas le droit de servir une plus grande quantité de plats que ce qui est prévu dans le contrat. Si on augmente l’intervalle, cela veut dire que nous attirons beaucoup d’étudiants vers un seul restaurant au détriment d’un autre, or nous avons calculé le nombre de plats pour répartir de façon équilibrée. Si maintenant les étudiants ont une attraction particulière pour tel ou tel restaurant, nous leur demandons de faire attention parce qu’ils doivent équilibrer. Si par exemple un restaurant a le droit de préparer seulement mille plats et il ya cinq mille étudiants qui veulent manger là- bas, cela pose des problèmes. Nous payons le reste des plats qui ne sont pas consommés, donc nous demandons aux étudiants de fréquenter les restaurants de manière équilibrée.

Les différents restaurants ont-ils les mêmes horaires ?

Tous les restaurants ont à peu près les mêmes horaires à quelque 30mn à une heure près. Le RU central se ferme un peu plus tard parce que les étudiants finissent les cours tardivement. Les flux maxima sont entre 11h et 13h.

Et pourtant la plupart des étudiants finissent les cours à 13h et ne trouvent pas à manger parce que les RU sont fermés. Est-ce qu’il ne faut pas revoir ces horaires ?

13h c’est vraiment l’heure limite, comme je l’ai dit tantôt nous n’avons pas la prétention de pouvoir satisfaire intégralement tous les besoins des étudiants, parce que quand on regarde le nombre de plats servis, ce n’est pas au prorata de l’ensemble des étudiants des universités mais c’est un certain pourcentage des étudiants qui sont vraiment dans le besoin. Nous reconnaissons qu’il ya des cours à 14h ou à 21h, mais pour le moment nous ne voyons pas de solutions pour que le RU reste ouvert après 21h. Il appartiendra probablement aux universités d’essayer d’accommoder les horaires en fonction des heures en fonction des heures d’ouverture des restaurants, mais là aussi ce n’est pas évident.

Dans les contrats que vous avez signés avec les prestataires, combien de plats chaque restaurant doit servir par jour ?

Au niveau de la ville de Ouagadougou nous préparons au tour de vingt mille deux cents (20200) plats (pour près de 60 000 étudiants NDLR) par jour. Le RU central et son annexe préparent dix mille (10 000) plats, ça c’est pour les étudiants qui ne résident pas dans les cités. Nous avons deux catégories de restaurants : les restaurants destinés aux étudiants qui ne sont pas dans les cités. Nous au total dix sept mille cinq cents (17 500) plats par jour destinés aux étudiants qui ne sont pas dans les cités. 10 000 plats au niveau du RU central, 3000 plats au site du SIAO, 4000 plats au RU Babanguida (Bengué), et 500 plats à l’IBAM. Au niveau de certaines grandes cités nous avons tenté de préparer pour quelques étudiants dans la journée qui n’arrivent pas à aller au cours pour des raisons quelconques. Les soirs nous ne sommes à mesure de préparer que pour les grandes cités qui ont plus de deux cent cinquante (250) étudiants, à savoir la cité de la Patte d’Oie où nous servons mille cinq cents (1500) plats pour les résidents qui sont au nombre de sept cents (700). Nous préparons également sept cent cinquante plats par jour au niveau de la cité de Kossodo et nous préparons pour quatre cents (400) étudiants qui sont à la cité chinoise. Mais les autres petites cités à cause des contraintes financières notamment les cités IMO, Larlé et autres, nous ne sommes pas à mesure d’assurer directement la restauration directement dans ces cités. Nous constatons aussi que dans ces petites cités, les restaurants sont plus fréquentés par des intrus que par des étudiants eux- mêmes.

Au RU siao vous servez 3000 plats par jour pour plus de 6000 étudiants, naturellement les rangs pour manger y sont particulièrement longs et les étudiants vous demandent d’ouvrir un autre stand

La difficulté ce n’est pas d’ouvrir mais il faut que les moyens financiers accompagnent. Nous ne sommes pas autorisé à aller au-delà de nos capacités financières, nous sommes obligé de limiter. C’est comme je vous l’ai dit tantôt, si les étudiants acceptaient de partager les coûts et si on avait une grande capacité financière, rien ne nous coûte d’ouvrir de nouveaux restaurants ou de préparer dans toutes les cités. Mais les principales contraintes c’est des contraintes financières. D’une part il y a l’étudiant qui est réticent à l’augmentation du prix du repas, d’autre l’Etat aussi a ses limites pour ne pas aller au- delà de ses capacités financières ; donc nous nous sommes au milieu de ces deux contraintes. On est obligé de gérer avec les moyens de bord.

Combien l’Etat vous alloue chaque année pour gérer toutes les dépenses au CENOU ?

La subvention de l’Etat au titre de la restauration est de trois milliards cinq millions. Les recettes de la restauration sont estimées à huit cents millions donc au total au titre de la restauration nous avons autour de trois milliards huit cents millions en chiffre d’affaire.

Vous dépensez combien par an ?

Les années antérieures on dépensait plus que cette enveloppe, ce qui a conduit à des aérés au niveau de la restauration. Mais cette année nous avons tenté de nous limiter dans l’enveloppe donc nous autour de quatre milliards de dépenses.

Le coût que l’étudiant doit supporter peut aller jusqu’à combien ?

Ça dépendra. Accepter le partage des coûts au niveau du CENOU ça ne se limite pas seulement à la restauration mais il ya aussi les aspects notamment le logement, le transport à Bobo. Il nous faut trouver des solutions intelligentes.

Les étudiants déplorent aussi la qualité des menus qui leur sont servis aux restaurants, est-ce que vous effectuez souvent des contrôles rigoureux de ce qui est servi aux étudiants ?

Nous avons un service de contrôle qui effectue des contrôles au niveau de la qualité et de la quantité des repas.au niveau de la qualité hygiénique également, nous travaillons en collaboration avec le laboratoire national de santé publique qui effectue des prélèvements réguliers pour voir la qualité des repas hygiéniques servis non seulement à Ouagadougou, mais aussi dans les autres villes. Mais pour tous repas on ne peut pas être chaque fois satisfait, même chez nous à la maison il arrive que notre ou notre mère prépare et rate. C’est des ratés que nous demandons aux étudiants de tolérer.

L’autre problème c’est celui des contre- marques. Il n’y en a plus pour en acheter, pourtant sans marque on ne peut pas être servi.

C’est un problème temporaire. Les procédures de passation de marché ont changé, ce n’est plus du tic au tac. Actuellement si une dépense dépasse un million, on doit passer par avis d’appel d’offre et ces procédures prennent en moyenne trois mois. Mais la commande est lancée et dans deux semaines les marques seront disponibles.

Quelles sont les perspectives que nourrit le directeur général du CENOU ?

Lors du dernier conseil d’administration et du conseil de direction que je viens d’avoir, nous avons décidé d’organiser courant ma          i un atelier de réflexion sur les œuvres universitaires. Au cours de cet atelier nous souhaitons convier l’ensemble des acteurs. A l’issue de ça nous aurons de nouvelles propositions pour faire face à la rentrée prochaine. Il est temps qu’on s’arrête pour voir quelles sont les nouvelles innovations que nous devons apporter.

Votre dernier mot.

Le dernier c’est de demander l’indulgence et la compréhension des étudiants par rapport aux contraintes financières que le pays a, reconnaître les efforts qui sont faits même s’ils sont insuffisants. Nous leur demandons de privilégier le dialogue et la concertation et d’être impliqués dans la recherche de solutions idoines pour les œuvres sociales.

 

 

Par Koundjoro Gabriel KAMBOU



21/04/2009
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