Retard à l'Université de Ouaga
L'analyse du Pr
Magloire Somé
Voilà
maintenant trois ans que l’université de Ouagadougou a perdu son calendrier d’antan
qui lui servait de repère. Bien malin qui saura lui dire le mois auquel
commence sa nouvelle année. En ce début d’année 2011, nous avons voulu avoir le
point du syndicat des enseignants chercheurs désigné à tort ou à raison comme
responsable du retard. L’année 2009 – 2010 n’est pas encore à son terme. Sans
détour aucun, le secrétaire général du SYNADEC situe les responsabilités,
attend de « palper » son nouveau salaire à la fin du mois et montre
l’unique voie de l’émergence du Burkina : assurer une formation de qualité
aux ressources humaines. Pr Magloire Somé.
Comment
va le campus ?
Le campus va bien
malgré le retard que nous avons accusé, cette fois-ci indépendante de notre
volonté. Mais nous espérons qu’avec ce calme nous allons pouvoir délibérer et
commencer la nouvelle année. Le retard cette année est dû à la relation entre
les infrastructures et les effectifs, ce qui fait qu’on ne peut pas programmer
tous les cours en même temps. On est obligés de programmer une partie des
enseignements, attendre de finir avant de programmer l’autre partie. En plus de
cela nous avons décidé en attendant l’application de la loi de temporiser pour
rencontrer les autorités afin de voir plus clair dans notre situation.
Vous
avez rencontré les autorités, qu’est-ce que vous vous êtes dit ?
Je ne peux pas le dire
ici avant de rendre compte d’abord à mon bureau et ensuite à l’assemblée
générale.
Nous
avons lu dans la presse que les nouveaux salaires tombent à la fin du mois,
qu’en est- il réellement ?
Nous sommes des Saint Thomas au niveau du syndicat ; tant que nous n’avons pas vu, nous ne croirons pas. Mais pour nous c’est quand même quelque chose de très singulier, dans la tradition administrative burkinabè il n’y a pas de correction de salaire en janvier et février. Les corrections de salaire c’est généralement en mars lorsque le budget de l’Etat est mis en place, mais là on parle de janvier, on se demande si c’est vrai. C’est lorsqu’on va mettre le doigt dans le trou (rires), c’est lorsqu’on aura palpé les sous à la fin du mois de janvier, qu’on croira.
Revenons
sur le retard à l’université de Ouaga, pensez- vous qu’il peut être résorbé
pour vous permettre d’entrer dans le système LMD ?
C’est un peu difficile
de renouer avec le calendrier traditionnel de l’université avant peut- être
deux ou trois ans. Là aussi il faut des conditions, c’est- à- dire un
accompagnement dans la construction des infrastructures pour que nous ayons une
programmation en même temps de l’ensemble des formations d’un semestre. Si je
prends l’exemple des UFR (unité de formation et de recherche, ndlr) où dans les
amphis 2, 3 et 4 on organisait des cours de licence et de maîtrise, aujourd’hui
aucun effectif de licence ou de maîtrise ne peut être envoyé dans ces salles
qui n’ont que 180 et 200 places.
À
quand donc la rentrée universitaire 2010 – 2011 ?
La rentrée est
effective depuis le mois de novembre pour les petits effectifs par exemple à
l’IBAM (institut burkinabè des arts et métiers) et à l’ISSP (institut supérieur
des sciences de la population). Mais pour les grosses UFR telles que LAC, SVT,
SJP, SEA et SEG, il faut attendre que les délibérations de la deuxième session
aient lieu.
Lors
de la campagne électorale le candidat Blaise Compaoré a fait la promesse d’une
université en 2013 à Dédougou. Quelle analyse faites- vous de ce genre de
promesse en tant qu’enseignant ?
C’est une ambition
noble de construire de nouvelles universités parce que la réalité est là, il ya
de plus en plus de bacheliers. Les quatre universités existantes ne peuvent
tous les accueillir surtout que leur construction n’est pas achevée.
L’université de Ouaga a besoin d’infrastructures, celle de Ouaga II a des infrastructures
qui peinent à voir le jour et l’université de Bobo ne vaut même pas l’UFR/SH de
l’UO. Il faut donc renforcer d’abord les capacités d’accueil de ces universités
avant de songer à en construire d’autres. Créer de nouvelles universités aussi
suppose aussi qu’il y ait les ressources humaines. Nous ne voyons pas d’efforts
fournis dans le sens de la formation des hommes. J’insiste surtout sur le
renforcement des universités déjà existantes pour éviter que la création de
nouvelles universités ne nous amène à ne plus avoir de temps suffisant pour la
formation des étudiants. L’université de Koudougou par exemple fonctionne à
plus de 80% sur l’université de Ouagadougou. Les enseignants quittent Ouaga
pour aller assurer les enseignements à Koudougou et à Bobo ; c’est dire
que ces deux universités sont en réalité des annexes de l’université de
Ouagadougou. Dans deux ans les enseignants de ces universités vont doubler
leurs volumes horaires, toute chose qui nous empêchera de poursuivre nos
recherches et d’être comme des enseignants de lycées.
En
tant que syndicat quelles sont vos attentes par rapport au renouvellement du
Gouvernement ?
Il est difficile de se
prononcer parce que ce domaine appartient au politique. S’il l’exécutif pense
que l’équipe qui est là travaille bien et qu’il décide de la reconduire, c’est
lui qui décide. Mais si l’exécutif décide de renouveler on appréciera mais ce
dont nous nous avons besoin c’est un gouvernement qui se penche sur les
problèmes des travailleurs et sur les priorités nationales. Nous sommes dans le
domaine de l’éducation qui est primordial pour le développement d’un pays, si
on ne met pas l’accent sur la formation des cadres du pays, on ne sera jamais
émergent. Nous souhaitons que l’on accorde désormais au moins 30% du budget de
l’Etat au système éducatif. Tous les pays émergents ont dû consacrer de façon
continue 1/3 de leurs budgets à l’éducation pendant 15 à 20 ans. Chez nous on
atteint à peine 15% du budget national. Il faut assurer une formation de
qualité pour être émergent.
Interview
réalisée par Koundjoro Gabriel Kambou
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