INFO-BURKINA

INFO-BURKINA

Siriki Ouattara : Je gagne 40 millions par campagne agricole

 

La terre est une valeur sûre, et l’agriculture un secteur porteur et pourvoyeur. Si par le passé l’agriculture était considérée comme le métier de ceux qui n’ont pas réussi ou ne sont pas allés à l’école, ce préjugé est aujourd’hui battu en brèche. « La terre ne ment pas », dit-on. Siriki Ouattara, symbole parfait d’un mariage de bonheur et de prospérité entre jeunesse et agriculture.

La quarantaine à peine, il exploite à lui seul une soixantaine d’hectares dans le village de Dergouè à Sidéradougou. En l’espace de cinq ans, le jeune Ouattara est devenu un paysan modèle et populaire dans la région des Cascades. A coups de pioche, défrichons ensemble le jardin de Siriki Ouattara, jeune agriculteur, simple et travailleur.

SAM_0766.JPG

« A mes débuts je ne faisais que des cultures vivrières pour la consommation familiale et je vendais le surplus pour les besoins financiers. J’ai commencé avec la daba traditionnelle sur les premières exploitations.  Après quelques bonnes campagnes, j’ai pu acquérir une  charrue. C’est ce qui m’a permis d’accroître  ma production agricole ». C’est ainsi que Siriki Ouattara, au milieu de ses champs à perte de vue nous résume son parcours d’agriculteur. Peiné par trois échecs successifs au Brevet d’études du premier cycle (BEPC), M. Ouattara se résout à suivre les pas de son père. « Après mes échecs au BEPC, j’ai décidé de m’engager dans l’agriculture. Cette idée n’est pas prise au hasard, je me suis dit : mon père qui n’a jamais été à l’école a nourri  et entretenu toute la famille par les produits de l’agriculture. J’ai donc pris l’exemple sur mon père mais avec la ferme résolution de faire mieux que lui », avoue- t- il. De trois hectares à ses débuts dans les années 2000, Siriki  exploite  de nos jours soixante cinq à soixante dix  hectares. Tout naturellement, les débuts ont été difficiles, mais la persévérance a fini par payer.

SAM_0783.JPG

La nouvelle de la qualité du travail de Siriki Ouattara parvint à la coopération Nafasso de Bobo, spécialisée dans la production et la commercialisation des semences. Son président rend visite au jeune agriculteur dans son champ. « Il a apprécié le travail que je faisais,  il a demandé ma collaboration. J’ai respecté  et suivi à la lettre toutes ses instructions. Il a apprécié  la première campagne de production de semences.  Notre collaboration  est partie  de ce pas. Je produis les semences et Nafasso paie toute la production et met à la disposition des paysans du pays », se souvient- il.

 

Rigoureux et bien organisé, Siriki Ouattara aborde chaque campagne agricole avec des objectifs précis : « A la fin d’une campagne agricole, je prépare déjà le projet de  la prochaine en fixant des objectifs. Chaque campagne a ses projets et ses objectifs. A partir de ces idées, je prévois les superficies à exploiter, les différentes spéculations de production, les quantités d’engrais chimiques et fumures organiques, la main d’œuvre nécessaire pour la bonne exécution de la campagne ». En saison pluvieuse comme en saison sèche, M. Ouattara travaille. Dans toutes ses exploitations, il met l’accent sur la fumure organique ; les engrais chimiques ne viennent qu’en complément. Une autre technique rigoureusement appliquée est celle de la rotation des cultures. Tous ces atouts réunis permettent au jeune entrepreneur agricole d’accroître ses revenus à chaque campagne. Pour la semence du maïs Bondofa par exemple, le rendement est de 7 à 8 tonnes à l’hectare et les autres spéculations  peuvent atteindre 5 à 6 tonnes à l’hectare (riz, sorgho).

 

L’agriculteur modèle de Dergouè n’hésite pas à partager son savoir- faire avec ses collègues agriculteurs. Chaque début ou fin de campagne, il reçoit de nombreux paysans de la région et d’ailleurs, souvent des associations de paysans dans ses exploitations. Pour lui, le savoir doit être partagé afin que le plus grand nombre en profite. « Il ne faut pas  être égoïste, même dans le domaine de l’agriculture. Il faut reconnaître que les pluies du ciel tombent pour tous les paysans mais seuls leur travail bien fait et leur courage dans les champs les départageront en fin de campagne. Je le dis franchement, il faut que les gens changent de comportement et de mentalité pour se donner au travail de la terre ». « Nous discutons des techniques de production, des crédits agricoles, de la protection  des sols, de l’utilisation des engrais, du stockage des productions et de la commercialisation. En somme, nous échangeons sur plusieurs sujets entrant dans le domaine du développement et de l’avenir  notre agriculture », reconnaît- il.

 

Pour ses travaux champêtres, Siriki Ouattara emploie 50 à 70 personnes par campagne agricole. Ce chiffre peut aller au double quand il s’agit des récoltes. Le budget  d’une campagne agricole quant à lui varie en fonction de l’importance de la demande du marché. Il oscille entre 15 et 20 millions de francs pour les campagnes agricoles humides et 8 à 10 millions pour les campagnes sèches. Le budget de production prend en compte la main d’œuvre, les intrants agricoles, les réparations et entretien du matériel agricole et les divers. Cet investissement produit à la fin de la campagne, des recettes à hauteur de 40 millions de francs CFA.

SAM_0775.JPG

En 2012, une coopérative paysanne du Luxembourg remarque l’excellent travail du jeune Ouattara et l’invite pour un partage de connaissances et d’expériences. « Mon voyage  en Europe,  a été très fructueux  et bénéfique pour moi. J’ai appris beaucoup de choses là-bas que je suis entrain de mettre en pratique actuellement. Ce regard croisé entre l’agriculture européenne  et celle de l’Afrique notamment Burkinabé est un bon exemple », reconnaît- il.

 

M. Ouattara est aujourd’hui une référence, un conseiller en agriculture. Fort de son expérience, il conclut que le travail de la terre, c’est le courage, la patience et la persévérance. « Je n’ai pas de secret miracle. Pour  moi la terre ne ment pas. Vous lui donnez ce qu’il faut et  en retour elle vos donnera ce que vous voulez ».

 

Confiant en l’avenir, Siriki Ouattara couve encore de nombreux projets pour un rayonnement sans précédent du secteur agricole burkinabè. « Mon souhait est de réaliser de  grands projets. Si Dieu me donne longue vie, la santé et les moyens, j’ambitionne de construire un centre de formation professionnelle agricole pour les jeunes. Je compte également faire un élevage moderne avec une laiterie. Actuellement, je suis entrain d’expérimenter la plantation de palmier à huile et la banane plantain. Bâtir une entreprise agricole moderne, c’est mon désir le plus ardent. Je tiens à y arriver tôt ou tard », résolution de Siriki Ouattara. Le rêve continue, la prospérité avec.

 

 

 



13/11/2014
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 151 autres membres