INFO-BURKINA

INFO-BURKINA

Traque des cybercriminels

 

La Côte- d'Ivoire juge et condamne, le Nigéria aussi !

Face à la menace sérieuse que constitue la cybercriminalité, tous les pays sont unanimes à reconnaître la nécessité d'unir leurs forces, de partager leurs expériences et de coordonner leurs actions pour vaincre ce fléau de la société de l'information. L'atelier de Ouagadougou sur la cybersécurité qui a réuni au total six pays de l'Afrique de l'ouest a permis à chaque pays de savoir comment la lutte est menée chez l'autre. A l'issue de l'atelier nous avons échangé avec les participants de la Côte- d'Ivoire et du Nigéria pour mieux appréhender l'ampleur du phénomène dans leurs pays respectifs et les stratégies de lutte mises en œuvre pour traquer les cybercriminels.

 Djékou Abraham, conseiller technique du Directeur général de l'ATCI

Djékou Abraham (extrême gauche)

En Côte- d'Ivoire nous avons commencé à être sensibilisés sur la question depuis l'année passée. Nous avons mis en place un CIRT expérimental qui fonctionne depuis juillet 2009. A ce jour on a arrêté environ 70 cybercriminels qui arnaquaient les gens en Europe et dans la sous région. Ils ont été jugés et condamnés. A part cela nous faisons de la sensibilisation, de la formation. Après cet atelier nous allons mieux structurer le CIRT (Computer incidence response team), mener des activités pour qu'au niveau national nous puissions jouer le rôle qui est le nôtre.

Lefaso.net : Quels sont les effets néfastes de la cybercriminalité que les ivoiriens ressentent de façon directe dans leurs foyers ?

Il y a beaucoup d'effets négatifs. Sur le plan économique déjà les arnaqueurs arrivent avec leurs comportements à salir l'image du pays. Ils font fuir les investisseurs parce qu'il n'y a plus de crédibilité. Le deuxième aspect c'est que les utilisateurs des TIC perdent confiance dans les outils en termes d'échange d'informations. Pour accéder par exemple à leurs informations bancaires ils ont peur parce qu'à tout moment des criminels peuvent subtiliser leurs informations personnelles pour avoir accès à leurs ressources financières. Il y a aussi les cybercafés que les enfants fréquentent et il n'est pas bon qu'ils soient en contact avec les images pornographiques. Il y a vraiment un travail de sécurisation, de protection, de confiance qu'il faut bâtir avec les utilisateurs de l'internet.

 

Omolola Olufemi du Nigéria

(Extrême gauche) 

Comment se mène la lutte contre la cybercriminalité au Nigéria ?

La cybercriminalité est quelque chose de très sérieux en Afrique et particulièrement au Nigéria. Cet atelier de Ouagadougou est un pas vers la lutte contre la cybercriminalité.

Beaucoup de cyberattaques viennent du Nigéria, alors peut-on s'attendre à une diminution drastique de ces attaques après votre participation à cet atelier ?

C'est vrai les cyberattaques en provenance du Nigéria sont d'une très grande ampleur. Le Nigéria n'a pas attendu l'atelier de Ouaga pour entreprendre des actions contre la cybercriminalité. Il y avait déjà des campagnes de sensibilisation contre la cybercriminalité et les menaces que cela représente. La prochaine étape sera la mise en place du CIRT et l'atelier de Ouaga permettra sa concrétisation, ce qui sera une étape plus importante dans la lutte contre la cybercriminalité.

Y a-t-il déjà eu des jugements et condamnations de cas de cybercriminalité ?

Au Nigéria il n'y a pas de législation au niveau national pour réprimer la cybercriminalité en tant que tel. Toutefois il y a un organisme chargé de lutter contre les crimes économiques et tous les cas de cybercriminalité sont redirigés vers cette instance de lutte contre les crimes économiques qui sanctionne conformément à ses textes.

Saluer les efforts du Burkina dans la lutte contre la cybercriminalité

La question des cyberattaques concernent le monde entier. L'atelier de Ouaga a été une réalité grâce au soutien de l'Union internationale des télécommunications (UIT). Dans les lignes qui suivent, le responsable chargé du volet de la cybersécurité Marco Obiso, lève le voile sur les raisons de l'atelier de Ouaga et les actions à venir.

Marco OBISO

Marco Obiso : L'atelier était organisé dans un cadre d'un programme que l'UIT a lancé depuis 2007 et qui s'intitule "Agenda mondial sur la cybersécurité". C'est un programme de coopération internationale qui veut aider tous les pays en voie de développement et tous les pays membres de l'UIT à faire des formations et à développer des structures de surveillance sur la cybersécurité parce que nous avons compris que les pays ont besoin de ça. Les menaces informatiques n'émanent pas d'un seul pays. C'est donc nécessaire d'établir un système de coopération internationale. Nous avons choisi le Burkina Faso pour abriter cet atelier parce qu'il œuvre beaucoup dans ce domaine et nous voulons continuer à faire ce type de formation structurée pour tous les pays africains.

Lefaso.net : Après cet atelier de formation, quel appui l'UIT compte apporter aux pays dans la lutte contre la cybercriminalité ?

En fait cet atelier est un atelier d'évaluation pour comprendre le niveau de maturité que les pays ont sur la cybersécurité. La prochaine étape sera d'aider les p ays à construire une structure de veille sur la cybersécurité en l'occurrence le CIRT. C'est un point focal pour les gouvernements pour coordonner les activités afin de répondre de façon active à l'attaque informatique. L'appui de l'UIT aux pays partenaires sera de faciliter l'établissement de ces structures. L'établissement de ces structures nationales facilitera la mise en place d'une stratégie internationale de cybersécurité parce que c'est de ça que les pays ont besoin ; pas seulement des initiatives locales, mais une approche beaucoup plus complète. Il faudra aussi impliquer tous les différents acteurs de l'administration c'est-à- dire les ministères, les régulateurs, la société civile, le secteur privé, les universités. L'important c'est de créer un mouvement pour commencer à construire ce concept de culture globale sur la cybersécurité.

Lefaso.net : Le coût de la lutte contre la cybercriminalité n'est-il pas exorbitant pour les pays africains ?

Pas du tout ! Ce n'est pas une question de coût. Ce coût peut d'ailleurs être plus cher si les pays ont du mal à réagir. L'UIT peut accompagner avec de petits investissements dans les pays, mais cet investissement doit être vu comme un investissement à long terme pour commencer à former des professionnels locaux qui pourront à leur tour former d'autres professionnels. Le coût c'est d'allouer des budgets pour l'équipement et les ressources humaines et après c'est une question d'expertise et de capacité des connaissances si les pays commencent le processus. S'ils ne commencent pas, les coûts pour les pays seront plus graves parce que les cyberattaques peuvent engendrer des cybercrimes et beaucoup de perte au niveau des ressources monétaires des pays.

Lefaso.net : Qu'est-ce qui suivra après cette formation ?

Comme je l'ai dit la formation est une activité initiale d'évaluation, l'étape suivante est de construire les CIRT et ces CIRT deviendront un point focal pour la cybersécurité. Cela signifie que les CIRT deviendront comme des données d'informations pour tous les internautes. Ces derniers seront ainsi guidés dans la sécurisation pas seulement des ordinateurs, mais aussi des réseaux locaux. Le point de départ c'est vraiment de comprendre les besoins des pays. Un des aspects principaux c'est la coopération internationale aussi bien au niveau de la législation qu'au niveau de la règlementation des lois. Comme je l'ai dit les cybercriminels opèrent généralement à partir d'un autre pays, donc c'est nécessaire que les pays se concertent et coordonnent la lutte.

 

Propos recueillis par Koundjoro Gabriel KAMBOU

 



26/05/2010
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 151 autres membres